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DOURDAN SOUS LES DUCS DE BERRY ET DE BOURGOGNE.

seulement, qu’ils évaluent à raison de quatre sols huit deniers parisis le septier[1].

Le château, sans maître, serait demeuré solitaire et désert si la chasse, plus facile que jamais, n’eût attiré dans ses murs de fréquentes visites. Pendant cette longue suspension de tous les droits, chacun des prétendants ne se fit pas faute de venir à son tour ; et c’est ainsi que, successivement, le château ouvrit ses portes au roi, au duc de Bourgogne, au comte de Nevers et au duc de Bretagne[2], sans compter une foule de seigneurs, grands chasseurs, qui se donnaient rendez-vous dans la giboyeuse forêt et dans le château vide.

À ce propos, l’histoire, par une confusion aujourd’hui dévoilée, a voulu faire des environs de Dourdan le théâtre d’un drame sinistre (31 mai 1477). Il s’agit du meurtre de Charlotte de France, fille naturelle de Charles VII et de la belle Agnès, surprise en adultère et poignardée sur le lit de ses enfants par son mari, le sénéchal de Normandie Jacques de Brézé, au château des Ramiers ou Romiers-lès-Dourdan. La Chronique de Jean de Troyes, ou Chronique scandaleuse, Philippe de Comines et le P. Anselme, sans s’accorder sur la date, ont répété cette version. Un long et consciencieux travail du savant M. Douët d’Arcq, rédigé d’après les pièces de ce procès célèbre, a prouvé qu’il y avait eu erreur de nom, et que c’est à Rouvres, près d’Anet, à deux lieues de Houdan, que les faits s’étaient passés, et non pas à Dourdan, où il n’a jamais été question de château des Romiers[3].

La guerre presque aux portes de la ville, les sanglants démêlés du roi Louis XI avec ses grands vassaux, la bataille voisine de Montlhéry, amenèrent plus d’une fois la violation du territoire de Dourdan et accrurent, s’il était possible, ses infortunes.

Heureusement Louis XI n’était pas homme à laisser indéfiniment durer un état de choses aussi irrégulier que les sequestres d’Étampes et de Dourdan ; il obtint du parlement un arrêt qui rendait définitivement à la couronne cette partie du domaine (1477 ou 1478). Dourdan revenait à ses anciens maîtres. Nous verrons qu’ils en avaient déjà disposé en faveur d’un fidèle serviteur.

  1. Comptes du domaine de l’année 1535.
  2. Fleureau, p.  182. — Argentré, Histoire de Bretagne.
  3. Bibl. de l’École des Chartes, IIe série, tom. V, p. 211 et suiv.