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DOURDAN SOUS LES DUCS DE BERRY ET DE BOURGOGNE.

nibles discordes entre les princes du sang, tous les droits, intervertis et faussés, étaient devenus autant de problèmes, et nos lecteurs sont peut-être déjà las de nous suivre dans le récit, aussi rapide pourtant et aussi clair que nous avons pu le faire, des passages successifs de notre ville en tant de mains rivales.

Jean de Nevers eut-il à Dourdan une résidence habituelle, nous l’ignorons. Nous savons seulement, par d’anciens comptes du domaine, qu’à cette époque une grande quantité de paons étaient entretenus à Dourdan, sans doute pour les délices du seigneur.

Jean des Mazis, l’ancien Français renié, revenu à de meilleurs sentiments, continuait pour le roi, jusqu’en 1463, à être tout à la fois bailli, gouverneur et capitaine de Dourdan. Le registre des échevins de Chartres fait mention qu’en décembre 1437 le bruit se répandit que les Anglais devaient diriger une nouvelle expédition contre Dourdan. On dépêcha sur-le-champ le poursuivant d’armes du bailli de Chartres au sire des Mazis. Toutes les mesures furent prises, mais l’ennemi pour cette fois passa ! Toujours menaçante, l’armée anglaise ne quittait pas le territoire et il fallait le lui disputer pied à pied. En 1442, peu de jours après la reprise de Gallardon par les Français, la trahison livra à l’ennemi le capitaine de Dourdan, Jehan de Gapaumes « prins, dit Monstrelet, par aulcuns de ses gens qui le trahirent et le livrèrent aux dessusdiz Anglois, auxquelz pour sa rançon il paia depuis moult grant finance[1]. »

Les bourgeois de Dourdan cherchaient à reprendre peu à peu l’administration de la ville pacifiée. En tête des habitants rassemblés, en 1446, pour « la curacion et le gouvernement de l’Hostel-Dieu de Dourdan, » figurent Robert Galloppin, premier lieutenant ; Guillaume Honoré, procureur, commis par le roi audit lieu ; Guillaume Champeau, receveur commis pour iceluy fisc. Ce sont eux qui composent « la plus saine partie » des habitants dudit lieu avec Jacob Rollo, Jehan Marchant, Jehan La Rose, Jehan Péchot, Guillaume Inbaut, Michau Thiboust, Gilles Boudet, Jehan Yvon, Symon Fortesépaulles, Gilles Trompette, Jehan Orry, Benoist Poussin, Jehan Jehan, Jehan Ducastel, etc.[2].

Dourdan cependant touchait à la phase la plus critique de son histoire. Pour avoir eu tant de maîtres, cette ville, malheureuse entre toutes, se trouvait n’en plus avoir de légitimes, et comme une de ces terres en déshérence, convoitées par des plaideurs de mauvaise foi, sur lesquelles l’autorité étend la main, elle attendait dans un triste séquestre la fin du débat, jusqu’au jour où elle était soustraite enfin aux prétentions rivales par le droit souverain de ses premiers, de ses seuls vrais seigneurs, les

  1. Monstrelet, VI, p. 59.
  2. Archives de l’hospice, B. 1. 1.
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