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CHAPITRE V.

jour et feste aux Mors, quatre-vingts livres parisis de rente en deniers. Cette rente était assise et assignée par eux sur tous leurs héritages, « si comme il appert estre contenu plus amplement en plusieurs roolles scellez du scel de la prévosté de Dourdan. » Dans le cas de défaut de paiement, le débiteur « payeroit l’amende telle comme l’on a usé et accoustumé de payer aux lieux dessusdits pour causes de cens non payé : c’est assavoir cinq sols. »

Ce n’est pas tout : Louis autorisait tous ceux qui paieraient la rente à chasser sur leurs terres, vignes, prés, jardins ou friches toutes les bêtes à pied clos, du lever au coucher du soleil, en se servant de filets, chiens, fuirons, etc., et en outre leur permettait la nuit de garder leurs terres et de prendre le gibier avec des chiens, des bâtons ou des pieux. S’ils étaient trouvés chassant de nuit avec d’autres engins, ils demeuraient passibles des anciennes peines, et si un habitant d’une autre paroisse était pris chassant sur le territoire, il devait être « mené au chastel de Dourdan pour ce méfaict, » et le comte et ses successeurs se réservaient de tirer de ce délit vengeance et profit[1].

Désireux de vivre en paix avec tout le monde, Louis voulut aussi terminer un différend qui existait entre lui et le prieur de Saint-Pierre. Celui-ci prétendait avoir quelques droits sur la terre des Murs qui appartenait au comte, sur l’étang et sur quatre étaux de la halle. Louis, pour en finir avec toutes ces prétentions, lui donna des lettres d’amortissement général pour tout le bien de son prieuré.

Il n’oublia sans doute pas non plus les frères de Louye, et c’est à lui qu’il faut attribuer très-probablement cette donation dont il est fait mention dans l’inventaire de la maison en 1696 : « Louys, fils de roy, donna une rente de bled[2]. ».

Deux grands procès, deux causes célèbres entre toutes, occupaient alors l’attention du royaume. C’était d’abord le jugement des Templiers, accusés de crimes mystérieux et sanglants. Les États généraux allaient être convoqués à Tours, à cette occasion ; on était au mois de mai de l’an 1308. Une curieuse charte a été conservée, par laquelle Dourdan

  1. Voir cette pièce dans de Lescornay, p. 74.
  2. A moins que ce ne soit Louis d’Anjou, fils du roi Jean, à qui Dourdan fut donné en 1381, par le petit-fils de Louis d’Evreux. — Quoi qu’il en soit, le prieuré de Louye, qui devait, au siècle suivant, perdre par la guerre la plus grande partie de ses biens, parait s’être ressenti de l’influence heureuse des comtes d’Evreux. Devenu prieuré-chef, il avait vu s’accroître le nombre de ses religieux et de ses dépendances, et avait même fait quelques acquisitions dans les environs. C’est ainsi que le samedi après la Saint-Georges de l’année 1347, frère Etienne La Gaayne, prieur de Louye, achète après plusieurs enchères ou subastations (sub hasta), pour la somme de 20 livres parisis, des créanciers de Jehan Marchant de Guysville, tondeur, jadis demeurant à Dourdan, une maison « assise à Dourdan, avec ses jardins et foussez, tenant d’une part à Colin le Buysson le jeune, et d’autre part à Raychnot Barnabas de Dourdan. » (Arch. de l’Emp., J. 166, 27.)