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CHAPITRE III.

églises è à personnes à quelles que nous voudrons, è tant comme nous voudrons, è d’octroier franchement è de confermer à nostre volonté les dons, les ventes è les autres aliénations, se aucunes en sont fetes[1] ».

Prochain et profitable était estimé par la couronne Dourdan avec ses bois et ses appartenances, et c’était une des portions privilégiées du domaine royal que le prévoyant époux voulait assurer à sa fidèle épouse pour la paix et le repos de sa vie. Les revenus des prévôtés sur lesquelles était constitué ce riche douaire appartenaient à Marguerite, et dans les comptes des baillis de France pour le terme de la Toussaint 1285, qui ont été conservés[2], nous avons pu vérifier, à l’article 14 des prévôtés, que Dourdan, au lieu du détail accoutumé, ne portait que cette mention : Reginæ, à la Reine[3]. Une curieuse remarque de Brussel nous apprend que c’est à la distraction, à titre de douaire, de Dourdan, Pontoise, Meulan, etc. en faveur de la reine Marguerite, qu’il faut attribuer cette notable baisse qui se fit alors sentir dans le revenu total des prévôtés de France, dont le chiffre, s’élevant en 1265 à 64,000 livres parisis, était tombé en 1277 à 52,000 livres[4].

Philippe le Hardi, et après lui Philippe le Bel, cet actif et remuant monarque dont les voyages et les étapes forment une liste vraiment étonnante[5], trouvèrent dans Dourdan un commode rendez-vous de chasse, et les textes du temps témoignent du soin jaloux avec lequel était gardé ce lieu favori, si bien disposé pour le plaisir royal. En 1310, à peine mis en possession de Dourdan, comme nous le verrons ci-après, Louis d’Évreux, frère de Philippe le Bel, fut assiégé par les réclamations réitérées du « commun des bonnes gens de la ville de Dourdan, des paroisses de Sainct-Germain et Sainct-Père de ladite ville et de la chapelle de Saincte-Mesme : c’est à sçavoir prestres, religieux, clercs, nobles et bourgeois, » qui se plaignaient amèrement de ce que les bêtes de la garenne réservée de Dourdan « et la gent establie à garder icelles faisaient dans leurs héritages » de tels « dommages et griefs qu’ils ne pouvaient bonnement les soustenir sans laisser lesdits héritages et partir du pays. » Force fut à Louis, pour ne pas voir toute la contrée désertée, de supprimer la garenne et de donner, par acte authentique, à tous les habitants, moyennant certaine redevance en argent, le droit de chasser sur leurs terres les bêtes à pied clos qui s’étaient multipliées dans une proportion effrayante. La forêt de Dourdan, reliée elle-même à toutes les forêts voisines, se prêtait admirablement aux grandes chasses de la vénerie royale. Le pays abondait en gibier de toutes sortes : lièvres, renards

  1. De Lescornay, p. 62, et dans d’autres auteurs.
  2. Mss. Bibl. impér., fonds de Gaignières, no 558, 2.
  3. Ce que les continuateurs de D. Bouquet traduisent ainsi : Id est ad reginam dotalitii nomine pertinent. — D. Bouquet, XXII, 630 c.
  4. D. Bouquet, XXII, 765, note 7.
  5. XXIe tome de D. Bouquet.