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APPENDICE II.

nous sommes sur la paroisse d’Allainville, paroisse agricole comme toutes ses voisines semées dans la plaine, dont l’histoire ne serait qu’une longue nomenclature de mouvances territoriales et de partages fonciers. Des fermes, au nom uniformément terminé en ville, se sont perpétuées, de temps immémorial, sur l’emplacement des anciennes villas ou maisons rurales, et chacune d’elles est restée le centre d’une exploitation cultivée d’abord, puis affermée par le maître. À chacun de ces centres était attachée la tradition d’une seigneurie ou le titre d’un fief, et de riches familles, propriétaires du sol, emportaient à la cour ou sur les champs de bataille, comme nom patronymique ou surnom nobiliaire, le nom de ces terres qu’elles avaient possédées ou possédaient encore. La maison des champs révélait toujours, par quelque côté, le lieu seigneurial, et la féodalité s’y affirmait par quelque corps d’hostel à côté de la grange, ou, à défaut de manoir, par quelque tourelle, colombier ou portail.

À Érainville existait un véritable château. Charles de Gaudart, sieur d’Érainville, était forcé d’y reconnaître les anciens droits de l’Église de Paris, et en même temps de répondre au ban du bailliage de Dourdan convoquant les gentilshommes pour les guerres de Louis XIV. À Soupplainville, le seigneur avait relié en un vaste domaine les champs et les fermes du voisinage, et un long terrier établissait, à la veille de la Révolution, ses droits et ses devoirs féodaux[1]. — Hattonville, — Obeville, — Groslieu, rappellent les embuscades et les rendez-vous des troupes du duc de Guise dans leur marche contre les reîtres d’Auneau.

Notre course est vers le sud. Toutefois, pour ne point omettre deux lointaines paroisses du canton, placées sur la limite du département, mentionnons celle de Paray-Douaville, autrefois Paray-le-Moineau, qui a reçu en 1845 le nom du château et de la grande terre du marquis de Barthélémy, et celle d’Orsonville, proche d’Auneau, où une vieille église et un ancien château disparaissent presque au milieu des créations factices et bizarres, du parc accidenté et des fabriques du marquis de Chabanais. — Le chemin de fer de Dourdan traverse ces communes essentiellement rurales, s’y arrête et ouvre à leurs produits un débouché vers la capitale.

Le route impériale, qui de Paray descend à Allainville, se dirige vers Étampes, et croise à Authon une autre grande route de la Beauce qui s’enfonce dans le cœur de la vaste plaine. Nous sommes dans cette Belsia, tour à tour chantée pour sa fertilité et raillée pour sa tristesse, dans « cette grande plaine fourmentière, plus féconde que ne fut jamais la Béotie, du nom de laquelle quelques-uns tirent l’excellence de son origine[2]. » Vaste désert de moissons, dont la monotonie impatiente le voyageur qui passe, la Beauce a sa grandeur qu’il serait injuste de

  1. Rédigé par Me Héroux, — déposé aujourd’hui chez Me Ortiguier.
  2. André du Chesne.