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PROMENADE DANS LES DEUX CANTONS DE DOURDAN.

de 1532 qui réunissaient la justice de Corbreuse à celle de Dourdan, en dépit des redevances qui avaient toujours été payées au domaine et du service de ban et arrière-ban.

Jusqu’à la fin du siècle dernier, Corbreuse garda ses puissants seigneurs. Ils avaient une administration complète. Honorable homme Louis Jonquet, leur procureur fiscal et receveur, mort en 1622, est enterré à l’entrée du chœur de l’église[1]. Bâtie au xiiie siècle et depuis agrandie, l’église de Corbreuse avait été dédiée à Notre-Dame, comme la cathédrale de Paris. Le lendemain de la fête patronale du 15 août, un pèlerinage en l’honneur de saint Roch attirait jadis un grand concours de fidèles.

Corbreuse, dans les péripéties de l’histoire, partagea toutes les fortunes de Dourdan. Ses riches moissons tentèrent plus d’une fois l’avidité des partis rivaux. Il y a deux cents ans, son territoire était complétement ravagé par les armées de la Fronde, et le curé Giles Lenormand écrivait sur le registre paroissial : « Le 24 avril 1652, Étampes fut pris par le Prince et le 25 Corbreuse pillé ; et tout un chacun prit la fuite à Sainte-Mesme où Monseigneur Anne-Alexandre, comte du-dict lieu, nous reçut deux mois durant. »

Passant au Plessis-Corbreuse[2], derrière lequel se trouve la ferme du Trouvillier (l’Outre-Villiers du chapitre de Paris), la route court parallèlement à celle de Saint-Martin et traverse Chatignonville. Sujette et redevable au roi à cause de sa châtellenie de Dourdan, la paroisse de « Chantinonville » ou « Chantignoville » était une seigneurie[3] qui chercha vainement, au xvie siècle, à se rattacher à Montfort-l’Amaury. Jacques de Morinville, écuyer, en était alors seigneur. Aux siècles suivants, Châtignonville appartint à la famille le Boistel qui fournit à Dourdan plusieurs de ses principaux administrateurs et un des curés de sa paroisse Saint-Pierre. Aujourd’hui, sur l’emplacement du château et du parc détruits en 1827, une distillerie de betteraves, annexée à une belle ferme, offre à la contrée l’exemple d’un des perfectionnements de la culture moderne.

Nous retrouvons la route impériale qui mène d’Ablis à Étampes, et

  1. Une autre pierre tombale servant de perron à une maison de Dourdan, rue Croix-Ferras, porte en beaux caractères du xiiie siècle : HIC. IACET. MAGISTER. PETR… DNI. SYMONIS. RECTOR. ECCLIE. DE. CORBOROSA. ORATE. PRO. EO.
  2. Étienne de Pussay, sieur du Plessis-de-Corbreuse, homme d’armes du seigneur de Palaiseau. — Thomas de Pouy, seigneur du fief de Bandeville assis à Corbreuse (xve siècle).
  3. On voit à Dourdan, dans le jardin de M. Demetz, une grande pierre tombale qui a été transportée du pays où elle servait de pont et qui va être déposée dans l’église Saint-Germain. Elle porte la figure en pied d’un chevalier armé, avec cette légende en caractères du xive siècle : « CI GIST MONCEIGNEVR GVILLAVME DE CENTEGNONVILLE CHEVALLIER. PRIEZ DIEV POVR LI. »