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PROMENADE DANS LES DEUX CANTONS DE DOURDAN.

pâturage dans les bois de Sonchamp (1177), des prés à Bullion, la verrerie de Clairefontaine, des droits sur le marché de Rochefort, sur la Mercerie, le prieuré de Saint-Évroult, la cure de Saint-Chéron, etc., et en 1414 on voyait encore les piliers marquant la justice du couvent au Trou de l’abbesse[1].

Si le lecteur veut avoir un échantillon assez amusant de la manière dont certains auteurs écrivaient l’histoire au xviie siècle, nous lui recommandons un petit livre devenu rare : « La vie de saint Arnoul et de sainte Scariberge, son épouse, où l’on voit l’origine et la fondation de l’abbaye royale des religieuses Bénédictines de Saint-Rémy-des-Landes, à neuf lieues de Paris, au diocèse de Chartres, par L. P. I. M. (le père Jean-Marie-Cernot) 1676. » On y voit aussi des descriptions fort attrayantes sur le site et le paysage, sur l’air qui « y est si tempéré que s’il y avoit au monde un endroit où l’on pust estre dispensé de la mort et devenir immortel, ce seroit le païs dont on dépeint les beautez et les avantages, » sur le calme du lieu qui est tel que « comme on n’a plus la veue que des arbres, des cerfs, des biches, des sangliers et des chevreuils, on a loisir de converser en tranquillité avec les Anges par la contemplation, » d’où cette conclusion : « cette pensée doit attirer les filles dans l’abbaye de Saint-Rémy des Landes pour y prendre le voile et pour y passer le reste de leurs jours dans la solitude. »

Les dames de Saint-Rémy furent transportées à l’abbaye de Louye, à la fin du siècle dernier et nous avons vu comment finit le couvent avec la dernière abbesse.

Les Bois de Sonchamp nous font redescendre, par le Coin du bois et les Chênes secs, à Sonchamp, dans une vallée qu’arrose le cours naissant de la Rémarde et que traverse la route départementale qui nous a amenés à Saint-Arnoult.

Le terrain change ici complétement d’aspect et s’aplanit. Toutefois, sur plusieurs points, la main de l’homme déchire la terre pour l’extraction de pierres à chaux qui donnent lieu à une exploitation importante.

La paroisse de Sonchamp (suus campus) dans le sol de laquelle ont été trouvées des haches celtiques et de nombreuses monnaies romaines, avait au moyen âge une grande importance due aux possessions et à l’influence de la puissante abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire[2].

On y comptait 360 feux, lorsqu’on n’en comptait à Dourdan que 256[3], et la paroisse de Clairefontaine en dépendait alors. L’abbé de Saint-Benoît-sur-Loire, Léodebaut, y avait acheté, moyennant 300 sous d’or, de dame Mathilde, des terres depuis échangées. Des donations successives de Pépin, de Louis le Débonnaire (836), mirent toute cette pa-

  1. Consulter les Archives de Seine-et-Oise.
  2. Fonds de Saint-Benoît-sur-Loire, aux Archives du Loiret. — Histoire de l’abbaye par l’abbé Rocher.
  3. Pouillé du diocèse de Chartres au xiiie siècle.