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APPENDICE II.

lippe-Auguste en 1207. Des chanoines réguliers l’occupèrent jusqu’en 1627, et furent remplacés par des ermites déchaussés sous le titre de Saint-Augustin. Rétablis par autorité royale et acte du Parlement de juillet 1640, les chanoines réguliers de la congrégation de France firent encore une fois place aux déchaussés en 1656[1]. L’abbaye de Clairefontaine, par suite de donations ou d’acquisitions fort anciennes, avait étendu son influence et ses droits sur un grand nombre de paroisses des environs. Détachés, comme des essaims d’une ruche, des hôtes du couvent s’y étaient établis en qualité de colons agricoles. Des religieux y avaient reçu charge d’âmes, et Clairefontaine était devenue la maison mère de plusieurs prieurés : Boissy-le-Sec, Mérobert, Paray, Roinville, la Madeleine de Rochefort, etc.[2]. Les Jalots, près Dourdan, dont nous avons parlé spécialement, étaient une des premières exploitations rurales de l’abbaye.

On voit encore à Clairefontaine des restes intéressants du vieux monastère : l’ancienne église abbatiale, longue et simple chapelle romane, à chevet arrondi et à voûtes de bois ; quelques pierres tombales ; deux des côtés du cloître, l’un roman, l’autre de la Renaissance ; l’entrée à arcades de la salle capitulaire, etc.

Non loin de là, est l’emplacement d’une autre abbaye, plus ancienne encore peut-être, celle de Saint-Rémy-des-Landes, qui emprunte son nom aux pentes stériles, aux bruyères et aux landes qui l’environnent. C’est dans ce désert érémitique que, suivant la légende, Scariberge, veuve de saint Arnoult et nièce de Clovis, aurait bâti un oratoire et se serait retirée. Il est constant qu’il y avait là, au xiie siècle, sur une terre dépendant de l’abbaye de Fleury, un très-humble monastère, soumis à la règle de saint Benoît (angustum et tenue), sous la redevance annuelle d’une monnaie d’or valant 2 sous 6 deniers de la monnaie chartraine, lorsqu’en l’an 1160, à la prière de Robert III, évêque de Chartres, Macaire, abbé de Fleury, du consentement de ses moines, dota plus richement les religieuses de ce lieu[3]. Simon de Montfort leur aurait donné, en 1166, 200 arpents de bois dans la forêt Yveline, et, d’après les vieux registres de l’abbaye, serait regardé comme un des fondateurs. Au xiiie siècle, le couvent n’était pas riche, car Aubry le Cornu, évêque de Chartres (7 nov. 1242), donna aux pauvres religieuses (pauperes moniales), une part dans la dîme de la paroisse du Perray[4].

Favorisée pourtant et dotée par les seigneurs de Rochefort, l’abbaye possédait des prés exempts de dîmes (1179), des dîmes grosses et menues dans la paroisse de Clairefontaine (bulle du pape, 1179), des droits de

  1. Voir la liste des abbés dans le Gallia Christiana, tome VII, col. 1315.
  2. Voir aux Archives de Seine-et-Oise le fonds de l’abbaye de Clairefontaine qui remplit une vingtaine de cartons.
  3. Gallia christiana, VII, col. 1299.
  4. Cartul. de N.-D. de Chartres, II, 132.