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PROMENADE DANS LES DEUX CANTONS DE DOURDAN.

Un prieuré, dépendant de l’abbaye de Saint-Maur-des-Fossés, exista très-anciennement à Saint-Arnoult, et Saint-Arnoult était une des procurationes de l’évêque de Chartres, dans le grand archidiaconé. La paroisse de Saint-Arnoult était fort importante au xiiie siècle, d’après le pouillé du diocèse à cette époque. Plus peuplée que les deux paroisses de Dourdan, elle comptait 290 chefs de famille ou parochiani, qui représentaient environ 1,200 personnes. L’église, en partie romane, en partie du xve et du xvie siècle, est curieuse à étudier. Sa façade, son portail, son ancienne crypte, les charpentes sculptées et apparentes de sa nef la signalent à l’attention. La maison dite « le prieuré, » avec ses magnifiques caves, une autre maison à grande porte armoriée, se font remarquer sur la grande rue, qui est la grande route.

Pour aller de Paris à Chartres, souverains en voyage, armées en marche, ennemis en conquête, prisonniers de guerre, passaient par Saint-Arnoult. C’était une ville d’étape, de relai, visitée et habitée, prise et saccagée par occasion. C’est à Saint-Arnoult que le corps de ville de Dourdan vint saluer sa dame, Marie de Médicis, en 1621 ; Louis XIV y dîna les 25 et 26 mars 1665. Ruiné au passage par tous les conquérants de la contrée, entre autres par Salisbury en 1428, fortifié et plusieurs fois forcé, le bourg fut livré pendant deux jours au pillage (13 déc. 1562) par le prince de Condé à la tête des protestants.

L’histoire féodale de Saint-Arnoult se rattache à celle de Rochefort, car Saint-Arnoult n’a pas de seigneurs particuliers, et sa chronique consisterait principalement dans le relevé des donations, concessions etc., au prieuré de Saint-Arnoult, par les seigneurs ou dames de Rochefort, dans le genre de celle que relate une charte assez apocryphe des Montfort, gravée sur une pierre que l’on conserve dans l’église. Le marché de Saint-Arnoult, qui se tient encore tous les mardis, était, avec celui de Rochefort et de Dourdan, un des trois marchés de l’élection. La foire de Saint-Fiacre, du 30 août, rappelle l’ancienne chapelle de la maladrerie de Saint-Fiacre, qui s’élevait entre Saint-Arnoult et Rochefort, et était encore, au siècle dernier, un bénéfice estimé 100 livres.

Au-dessus de Saint-Arnoult, du côté du nord, après une montée rapide, s’ouvre une contrée aride et sauvage, couverte de bruyères, où nous pourrions nous croire bien loin de Dourdan. Nous sommes dans le pays des moines. Voici les bois Saint-Benoît. Au delà, dans une pittoresque vallée, le village de Clairefontaine a fait, des eaux limpides auxquelles il doit son nom, des marais à sangsues, et ses habitants y cultivent les prairies de l’ancienne abbaye.

L’antique abbaye de Claire-Fontaine (clarus fons), de l’ordre de Saint-Augustin, fondée, dit-on, en 1100, sous l’invocation de la Vierge, dans la forêt Yveline, entre les bois de Montfort et Dourdan, par Simon, comte de Montfort, fut confirmée le 14 des calendes d’octobre 1164, par Robert III, évêque de Chartres, et reçut le privilége de main-morte de Phi-