Page:Chronique d une ancienne ville royale Dourdan.djvu/352

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
336
CHAPITRE XXV.

ducation et sur les entraves de l’agriculture. Les trois ordres furent invités à se rendre au château. Deux salles du premier étage, dans le bâtiment de Sancy, avaient été disposées pour le clergé et la noblesse ; l’auditoire du rez-de-chaussée était réservé au Tiers. C’était comme un symbole de l’échelle sociale. Immédiatement, les corps traversèrent la ville et entrèrent en séance.

Le Tiers, après un discours du lieutenant général Roger, son président, délibéra sur l’unité du cahier et se décida pour les cahiers séparés. On annonça, sur ces entrefaites, « Messieurs du Clergé. » Quatre membres ecclésiastiques descendaient en effet de l’étage supérieur et venaient « complimenter le Tiers, » Le Tiers désigna quatre de ses membres qui allèrent au-devant des visiteurs. Le curé de Saint-Germain et M. Roger échangèrent les paroles les plus flatteuses et la députation fut reconduite par les quatre commissaires. Quelques instants après, MM. Odile, Savouré, de Saint-Michel, Sénéchau, allèrent, au nom du tiers, rendre au clergé sa politesse et faire la même démarche auprès de la noblesse, à laquelle on témoigna le plus grand désir de l’union et de la concorde. La noblesse, d’abord assez longue à s’entendre, descend, à son tour, de ses hauteurs, et MM. d’Apchon, de Gauville, de Cherville, et de Lally-Tollendal viennent, avec le même cérémonial, assurer le tiers des bonnes intentions de leur ordre. Lally-Tollendal porte la parole : il annonce que les nobles de Dourdan ont acclamé le vœu de supporter l’impôt. Le tiers remercie. M. Pajot fils entre et déclare que la noblesse accepterait un cahier unique. Le tiers remercie encore, mais ne s’engage à rien et, après avoir nommé sept commissaires[1] pour fondre en un seul tous les cahiers des communes, s’ajourne au mercredi 25 mars.

La séance, remise au dimanche 29, s’ouvre par le rapport des sept commissaires qui présentent le cahier et déclarent qu’ils n’ont pu s’entendre avec les commissaires des deux autres ordres[2]. On procède à l’élection de trois scrutateurs, et, au moment où l’on proclame MM. Odile, Petit et Courtois, un messager apporte sur le bureau une adresse de Lally-Tolendal « à Messieurs de la Commune du Bailliage de Dourdan. » M. Roger lit : « Le comte de Lally-Tollendal, fondé de procuration de Son Altesse sérénissime Mgr le duc d’Orléans, demande à être admis en présence de la Commune du Bailliage de Dourdan pour notifier les intentions bienfaisantes et patriotiques de son noble commettant. Signé

  1. MM. Roger, lieutenant général, et Odile, ancien procureur au bailliage (pour Dourdan) de Saint-Michel, garde-marteau (Briis), Héroux, avocat (Authon), Savouré, notaire royal (Richarville), Mathieu (Dreux), Pillaut, procureur à Rochefort (Ponthévrard).
  2. M. de Gauville, dans son journal, leur rend pourtant cet hommage : « J’aime à affirmer ici que ceux du Tiers État ne nous témoignèrent pas cet esprit d’indépendance, ces plaintes, ces vexations qu’on leur a supposés partout, et qu’ils ne demandèrent en général que la réforme des abus que les autres ordres connaissent. »