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INDUSTRIE ET COMMERCE.

contrée qui a ramené en quelque sorte à Dourdan, sous une autre forme, une industrie analogue à la vieille industrie perdue. L’importante et honorable manufacture de MM. Dujoncquoy, installée à Ville-Lebrun, en 1835, à la porte de Dourdan, au bord de la rivière d’Orge, et complétée par la vaste maison de Pussay, fabrique aujourd’hui et exporte sur une grande échelle d’excellents ouvrages de laine spécialement destinés à la classe ouvrière et agricole, chaussons, bas drapés. Le lavage des laines, la filature, le tissage, le foulage, la teinture et l’apprêt, auxquels sont appliqués tous les progrès de l’industrie moderne, occupent un nombre considérable d’ouvriers du pays. Le cousage, détail très-important de la fabrication, est le travail journalier d’une grande partie des femmes de Dourdan, Sainte-Mesme, Saint-Martin, Corbreuse, Saint-Arnoult, Rochefort, les Granges, etc. Le tricotage est plus particulièrement réservé aux villages de Beauce. À voir, au seuil de leur demeure, travailler, comme jadis, les femmes de la contrée, on pourrait se croire encore aux jours de la vieille bonneterie dourdanaise. Les conditions seules ont bien changé : la concentration des forces, l’immense développement de la consommation ont centuplé le mouvement industriel et commercial, et les métiers de Ville-Lebrun produisent à eux seuls, chaque année, incomparablement plus que toute la communauté réunie des anciens fabricants de Dourdan.

À côté de la corporation des Bonnetiers était celle des Merciers, Toiliers, Drapiers, Épiciers, Chandeliers et Quincailliers réunis. Elle avait jurande, offices héréditaires, etc., et se gouvernait par les statuts de Chartres, homologués au bailliage de Dourdan en 1598. Ces statuts remontaient, à Chartres, à la seconde moitié du xiiie siècle. Renouvelés en 1358 par le roi Jean, confirmés par ses successeurs, ils avaient été révisés lors de la réorganisation des métiers par Colbert, en 1669. Chaque année, un service solennel le jour de Saint-Nicolas et une messe de requiem pour les défunts étaient payés par les derniers membres reçus en la communauté ; les jurés en charge étaient dépositaires d’une figure en bois doré et de deux bâtons servant le jour de Saint-Nicolas, déposés dans la chapelle Saint-Étienne. On comptait du temps de Louis XIII une quinzaine d’étaux de Merciers et autant de Drapiers sous la halle[1]. Il faut songer qu’alors Dourdan était un véritable centre où s’approvisionnaient, le samedi, presque tous les villages de l’élection. On comptait, en 1745, 18 maîtres merciers dont un tiers étaient pauvres ; en 1768, 17 épi-

  1. « 12 étaux servant au mestier de drapier dans l’allée du milieu de ladite halle, 6 de chaque côté, commençant vers la boucherie de ladite halle, tirant vers le marché au bled — autres étaux de drapier, et 8 servant au mestier de mercier, commençant près le pied de la descente de l’auditoire, montant devers le marché au bled. — Autres commençant près la monstre de Dourdan, dévalant vers le pillory droict en ladite halle. Du cotté de ladite monstre, il y a 4 étaux un compris en la croupe de l’allée du milieu, etc. » — Comptes de J. de la Loy.