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CHAPITRE XXIV.

d’une commodité très-notable non-seulement aux habitants de Dourdan, mais à toute la province, suivant déclaration de l’année 1599, etc. »[1]. Défense est faite en même temps à toute personne de bâtir aucun four a demi-lieue de la forêt.

Nous n’avons pas connaissance que des fours appartenant au moyen-âge aient été trouvés sur le territoire de la ville. Tous ceux qu’on y a rencontrés, du moins récemment, datent de l’époque romaine. Aucun débris vraiment intéressant de l’époque barbare ou des époques postérieures n’a été conservé, et, à en juger par l’abandon complet de cette industrie qui n’a plus un seul four à Dourdan, la décadence du métier remonte loin. C’était déjà un souvenir presque légendaire qui expliquait, il y a plus de deux siècles, les trois pots d’or sur champ d’azur des armoiries de la ville de Dourdan.

C’est un souvenir plus légendaire encore qui s’attache aux mines de fer de Dourdan. Un fait incontestable, c’est que le minerai de fer a été exploité dans la localité. Des lits épais de scories se retrouvent sur plusieurs points de la ville et aux abords de la forêt. Nous en avons trouvé un échantillon à deux mètres de profondeur dans la terre de l’ancien étang. Le Minerai, le chantier des Minières, le clos du moine des Fourneaux, attestent par leurs noms, autour de la ville, cette ancienne fabrication. Le terrain d’argile plastique offre, en effet, le minerai de fer sous forme de rognons assez riches, et il n’est pas rare d’en rencontrer dans le pays, à la surface du sol. Toutefois, il est à croire qu’à un instant donné les résultats obtenus n’ont pas paru suffisants et que les forgerons primitifs de Dourdan ont peu à peu disparu lorsque les communications plus faciles ont permis aux habitants de la vallée de se procurer ailleurs avec avantage le fer dont ils avaient besoin. Il n’existe à Dourdan aucun titre constatant cette exploitation, comme il en existe pour les forges ou « moulins à fer, » relativement récents, des territoires voisins de Longvilliers, Bandeville, Forges, etc.

Nous ne voudrions pas ranger dans la même catégorie les vignerons de Dourdan ; et pourtant il faut aussi évoquer le passé pour les retrouver : à la vérité ce passé est plus voisin de nous. On a quelque peine à se figurer aujourd’hui, en faisant le tour de la ville, qu’on est dans un pays de vignes, et l’on cherche ce vignoble de Dourdan dont les vieux titres parlent bien souvent. Il est constant cependant qu’une ceinture de vignes commençait aux faubourgs, s’étageait sur les versants de la vallée, à la place des champs et des prairies artificielles qui les recouvrent maintenant, et couronnait les côtes sablonneuses de Liphard, des Jalots, de Normont, etc. Au siècle dernier, ces vignes existaient encore en partie, et la carte manuscrite de 1743, dont nous donnons le fac-simile, indique parfaitement, par le trait convenu, cette culture tout autour de

  1. La minute de ce jugement est aux archives du Loiret. A. 1373.