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CHAPITRE XXIII.

marché de Dourdan retrouve, bien qu’incomplétement, son ancienne vogue.

La vigilance se ralentit en raison de la prospérité, et en 1729 un déficit égal au premier reparaît. Cette fois le duc d’Orléans, seigneur de Dourdan, propriétaire du droit de placage et d’une foule de redevances du commerce, s’en inquiète pour son compte et contribue, en 1732, d’une somme de 500 livres, à l’édification d’un pont de pierre à la porte d’Étampes, au nivellement et au repavage du faubourg. — C’est d’après son désir qu’on entreprit, en avril 1734, la construction du grand chemin réunissant Dourdan à Saint-Chéron, dans la direction de Paris. Ce travail se faisait par corvée. Les habitants de Dourdan et des environs donnaient deux jours par semaine. Les laboureurs et ceux qui avaient des chevaux étaient chargés des arrivages de sable, de pavés et de terre. Vers 1739, le roi libéra les habitants de leurs corvées à cause de la misère des temps, et l’entrepreneur fut obligé de prendre des gens de journée, pour achever le chemin, qui s’arrêta à Roinville en 1741 Ce ne fut qu’en 1755 qu’on le termina jusqu’à Dourdan, encore n’était-ce qu’en pierrotis et non en pavé.

De septembre 1750 à 1753, toute la corvée se porta sur le chemin des Granges. C’était le point décisif. Du village des Granges, où se croisaient le chemin d’Étampes et celui de la Beauce, le trajet jusqu’à Dourdan était devenu littéralement impraticable. Au sortir de Dourdan, la route, passant au pied de la chapelle Saint-Laurent, suivait le long des bois une pente abrupte, vulgairement appelée la Testée des Granges, et rejoignait le haut du village. Profondément raviné par les eaux qui descendaient de la plaine et charriaient les sables, le chemin était devenu comme le lit d’un torrent et des précipices s’y étaient creusés au point d’engloutir hommes et chevaux, comme le malheureux Jérémie Michau, dont on parlait alors avec pitié, qui, en revenant de Dourdan à la brune, avait été brisé avec tout son attelage. La direction de la route fut totalement changée ; côtoyant le bas de la butte des Jalots, elle s’éleva doucement à mi-côte et atteignit les Granges à l’autre extrémité, c’est-à-dire à la sortie du village, au point de jonction de la route d’Étampes[1]. Comme précisément, à la même époque, celle-ci avait été améliorée et raccourcie par les soins du seigneur de la Forêt, qui avait fait adoucir la montagne de la Forêt-le-Roy, et comme en même temps la route d’Authon au-dessus des Granges avait été refaite par corvée, les abords de Dourdan se trouvaient libres dans toutes les directions et les arrivages parfaitement facilités. C’est à M. Védye, lieutenant général et subdélégué, à son intelligent et actif dévouement, à son influence auprès de l’intendance, que la ville dut ces importantes améliorations.

La place même du marché fut aussi l’objet d’une restauration com-

  1. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui l’ancien chemin des Granges, encore usité pour le service des terres et passant au-dessus du cimetière des Granges.