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LE MARCHÉ AUX GRAINS.

grains des privilégiés, de la différence de taxe pour les menus grains, etc., c’est une somme tout à fait minima de 52,680 septiers (ou 79,025 hectol.) qui, à raison de la taxe maximum de deux sols le septier, passait par les minots des mesureurs de Dourdan dans une seule année, en 1699. On sent là le résultat des réformes commerciales de Colbert, de la création des routes, et surtout de l’accroissement effrayant de la consommation de Paris dont Dourdan n’est pas loin.

Peu à peu Dourdan perd son avantage. La facilité des communications tourne à son détriment. Les grains affluent de toutes parts et de très-loin vers la capitale, et Dourdan commence à s’apercevoir pour la première fois qu’il n’est pas sur une grande route, quand les cultivateurs, las de ses mauvais chemins, se détournent et vont ailleurs. Pour la fabrique de Saint-Germain qui s’endormait dans la quiétude d’un revenu toujours croissant, pour la ville tout entière qui se laissait bercer par le rêve d’une prospérité indéfiniment progressive, le réveil fut terrible ; de grands sacrifices furent tentés ; mais il était trop tard. Toute la France demandait à partager le bénéfice. Les beaux jours de privilége et comme de monopole des marchés voisins du centre étaient passés. Les efforts que fit alors Dourdan n’en sont pas moins intéressants à étudier, car ils sont une preuve de plus qu’à l’initiative née d’un intérêt particulier sont dus presque tous les perfectionnements et les progrès.

Dès 1705, voyant tomber de 1,200 livres le bail du mesurage, l’église réclame de son fermier l’entretien du chemin des Granges et des issues de la ville. En 1708, les habitants assemblés, consternés de voir le chiffre baisser de 2,300 livres, s’interrogent l’un l’autre et s’avouent que le mauvais état de leurs chemins engage chaque jour les cultivateurs à prendre la direction d’Étampes, de Rambouillet et de Montlhéry. D’une commune voix ils votent l’entreprise directe par la fabrique de la réparation des routes, avec une taxe sur le fermier, et décident immédiatement de paver en pierrotis les chemins, avenues et entrées de la ville les plus mauvais, notamment le chemin qui vient de Beauce en passant par la Villeneuve[1]. Aussi, de 1713 à 1723, le taux du fermage remonte et le

  1. Déjà, en janvier 1694, il avait été procédé devant le bailli de Dourdan à l’adjudication de la réfection du chemin de Beauce vers la Villeneuve, sur 524 toises carrées, à la charge d’ôter les boues, remplir les trous, faire un lit de pierres et caillotage d’une épaisseur d’un pied et demi, entre deux bordures, formant une chaussée élevée de 6 pouces, recouverte d’une tomberée de sable par toise. La route avait 2 toises de large, et le travail revenait à 37 sols la toise carrée. — Archives de l’église.

    Bien que les droits de péage ne fussent pas très-multipliés dans les environs, il y en avait encore plusieurs à la fin du xviie siècle, pour arriver à Dourdan du côté de Chartres et de la haute Beauce : péage aux ponts de bois de Saint-Martin et de Sainte-Mesme, dû au comte de Sainte-Mesme ; — passage à Ablis, dû à Mme Poncet (4 den. par cheval chargé de marchandises, et 10 den. par charge de grains et de vin) ; — à Boinville, au sieur de Villeneuve ; — Attainville, au sieur Le Boistel ; — à Authon, au duc de Vendôme ; — à Garantières, au comte de Sainte-Mesme. — Mémoires de l’Intendance, 1698.

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