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CHAPITRE II.

confirmés par bulle papale d’Innocent III[1], et au nombre de ces bénéfices étaient les prieurés de Saint-Germain de Dourdan[2] et de Saint-Léonard des Granges-le-Roi, près Dourdan. Un prieur et des chanoines réguliers remplaçaient désormais l’ancienne administration séculière, et pour de longs siècles la paroisse de Dourdan étair mise sous la protection et l’obédience du grand monastère dont le nom se mêlera plus d’une fois aux événements divers de notre histoire.

Précisément à la même époque, l’autre paroisse de Dourdan, Saint-Pierre, avait été mise, elle aussi, sous la dépendance d’une puissante abbaye voisine, celle de Morigny. Don d’un pieux gentilhomme de la fin du xie siècle aux vénérables religieux bénédictins de Saint-Germer de Flex, près Gournay, au diocèse de Beauvais, le territoire de Morigny, dans la vallée d’Étampes, avait vu s’élever un opulent monastère. Les rois avaient enrichi son berceau, un pape avait consacré son église, Philippe Ier, Louis le Gros l’avaient pris sous leur sauvegarde[3]. C’est alors que, par une munificence royale, l’église Saint-Pierre de Dourdan fut donnée à Morigny qui y envoya des moines en 1112 (circa quartum annum Ludovici Grossi). Nous trouvons dans une charte donnée par Louis le Gros, en 1120, pour la confirmation des possessions et priviléges de l’abbaye, mention de l’église Saint-Pierre de Dourdan : « apud Dordensium, ecclesia sancti Petri[4], » et dans le second livre de la chronique de Morigny, qui finit en 1147, nous lisons : « La vigne du Seigneur, » c’est ainsi que se désignait modestement et symboliquement elle-même la famille des moines, « plantée dans un pauvre lieu, croissait et se multipliait et étendait partout ses rameaux ; elle a acquis à Dourdan, qui est un municipe royal, l’église du bienheureux Pierre[5]. »

Dourdan, ville royale la plus proche de Chartres, ne devait pas manquer de profiter de la nouvelle et étroite alliance de la couronne avec la

  1. Arch. départ. de Chartres, Chapitre, inv., p. 250 et Saint-Chéron, boîte première ; voir Hist. de Chartres, par E. de Lépinois, 1854, t. I, p. 282.
  2. Nous donnons aux pièces justificatives, pièce I, le texte de cette donation de Goslin de Lèves, avec les fautes de copiste, tel que nous l’avons retrouvé dans les archives de la paroisse Saint-Germain, où on en conservait l’expédition informe, comme un titre précieux souvent invoqué dans des intérêts divers, jusqu’aux derniers jours du xviiie siècle.
  3. Voir, sur l’abbaye de Morigny, les détails donnés par M. de Mont-Rond dans ses Essais historiques sur la ville d’Étampes, 1836, tome I, p. 97 ; et l’Histoire de Morigny, village monacal, par M. Ernest Menault. Paris, 1867.
  4. Citée par le P. Basile Fleureau, barnabite, Antiquitez de la ville et du duché d’Estampes, 1683, in-4o, p. 496 ; Aim., lib. V, c. ii.
  5. Lib. II Chron. Mauriniacensis, cité par Hadr. Valesius, Notitia Galliarum, Paris, 1675, art. Dourdan ; et dans D. Bouquet, t. XII, p. 71 : « Crescebat autem et multiplicabatur vinea Domini, quæ in paupere loco plantata fuerat et circumquaque palmites suos extendebat. Apud Dordinchum quod regium municipium est ecclesiam B. Petri adepta est. »