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DOURDAN SOUS LES PREMIERS CAPÉTIENS.

dans un cartulaire du prieuré de Longpont[1]. Nous avons encore rencontré dans un acte de Philippe-Auguste de 1185 une allusion à la donation faite par Louis le Gros, et après lui par son fils, aux lépreux de Chartres de deux muids de froment sur le four de Dourdan et d’un muids sur la grange dudit lieu[2], et c’est le prévôt royal de Dourdan qui est commis par Louis, en 1116, pour désigner aux pauvres de Corbereuse les terrains qu’ils peuvent cultiver dans la terre de l’Église de Paris[3].

Avec la seconde moitié du xiie siècle s’ouvre pour la contrée une ère de renaissance et de paix dont Dourdan éprouve tout aussitôt l’heureuse influence. Favorisée par la puissance royale qui grandit, profitant du mouvement religieux des croisades, l’Église joue le premier rôle. Son administration se constitue régulièrement, et c’est à Chartres, métropole du grand diocèse, à Chartres, réconcilié avec le roi, qu’il nous faut chercher le véritable centre de tout le pays qui nous occupe.

Pour la première fois apparaissent avec leur vocable nos deux églises.

Dourdan dépendait de l’évêché de Chartres et sa paroisse Saint-Germain faisait partie du doyenné de Rochefort[4], dans le grand archidiaconé, l’un des six archidiaconés du diocèse[5]. Aux portes de Chartres, s’élevait une antique abbaye. C’était, suivant les chroniques ecclésiastiques, sur l’emplacement où avait été martyrisé au ve siècle saint Chéron, l’apôtre du pays chartrain[6]. Miraculeux pèlerinage, Saint-Chéron-lès-Chartres avait eu les faveurs des rois, et Clotaire III (658) avait richement doté le monastère en reconnaissance de la guérison d’un de ses fils. Saccagé par les Normands (858), reconstruit et prospère, il tomba on ne sait comment, vers le milieu du xe siècle, entre les mains du chapitre de Notre-Dame de Chartres jusqu’à l’épiscopat de Goslin de Lèves (1148-1150), qui fit cesser cet état de choses anormal en donnant le couvent aux chanoines réguliers de Saint-Augustin. En même temps, il leur octroyait de riches bénéfices,

  1. De Lescornay, p. 36, d’après l’indication qui lui a été fournie par le savant Chesnius, André Duchesne.
  2. Archives de l’Empire, K. 177, no 7. — De Lépinois, Hist. de Chartres, t. I. — Catal. de Léop. Delisle, no 131.
  3. Arch. de l’Empire.
  4. Pourquoi cette suprématie ecclésiastique de Rochefort sur Dourdan, conservée, malgré une infériorité d’importance, jusqu’à la fin du siècle dernier ? Remonte-t-elle à une époque reculée où l’un des deux villages pouvait l’emporter sur l’autre, comme centre de population? Rappelle-t-elle une ancienne circonscription administrative? Ne s’est-elle pas constituée précisément durant cette période que nous venons de retracer, période de défaveur pour Dourdan, ville royale le plus souvent en guerre avec Chartres ?
  5. Voir le chapitre iv.
  6. Bollandistes, t. VI, mai, p. 802 ; Histoire manuscrite de Saint-Chéron, bibl. communale de Chartres.
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