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CHAPITRE XXII

LES PRISONS


Les monuments ont, comme les hommes, des revers de fortune et de mobiles destinées ; les vieilles forteresses éprouvent surtout d’étranges décadences. Solidement édifiées pour la défense, dans des siècles de lutte, elles cessent d’être utiles à l’âge du pouvoir absolu. On les détruit ; ou, si on les laisse debout, la justice répressive s’en empare et le château-fort devient prison. C’est le sort du château de Dourdan à partir de la fin du xviie siècle[1].

Les anciennes prisons de Dourdan étaient jadis dans la rue de l’Abreuvoir, appelée alors rue de la Geôle[2]. Les ducs d’Orléans, qui n’habitaient pas le château, trouvant que le donjon était la plus sûre des prisons et la plus facile à garder, le firent aménager en conséquence. La rue qu’on désignait encore, vers 1640, sous le nom de rue de la Geôle, ne fut donc plus vers 1690 que la rue de la Vieille-Geôle. La nouvelle geôle, c’était la grosse tour.

Isolé par les fossés, relié à l’extérieur par une simple passerelle du côté de la porte de Chartres, séparé de la cour du château par un mur et une barrière qui formaient une sorte de préau où s’élevait la demeure du geô-

  1. Nous ne parlons pas ici des illustres captifs politiques, comme la reine Jeanne ou le sire de La Hire, qui furent détenus au château, et dont nous avons entretenu nos lecteurs.
  2. La rue de la Geôle actuelle, ainsi désignée depuis moins d’un siècle, en souvenir de sa voisine, qui avait perdu son nom, était la rue de la Motte-Gagnée.
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