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LE CHÂTEAU DE REGNARD À GRILLON, ETC.

témoin que, dans le pays, la tradition de la médecine de cheval a persisté. Ce serait, il faut en convenir, une dernière bouffonnerie.

Le jeudi 5 septembre eurent lieu à Dourdan les obsèques de Regnard, qui fut enterré au milieu de la chapelle de la Vierge de l’église Saint-Germain sa paroisse, en présence du curé, l’abbé Titon, qu’on avait envoyé chercher en toute hâte. Voici son acte d’inhumation tel qu’il a été conservé sur le registre des sépultures de Saint-Germain[1] :

« L’an de grâce mil sept cent neuf, le cinq septembre, a été inhumé, au milieu de la chapelle de la Vierge de cette église, le corps de maître Jean-François Regnard, après avoir reçu le dernier sacrement de l’Église : cy devant conseiller du roy, trésorier de France à Paris ; et depuis lieutenant des eaux et forêts en la maîtrise de Dourdan, capitaine du château dudit lieu et pourvu par le roy de la charge de bailli au siége roïal de Dourdan ; âgé de soixante et deux ans, — en présence de monsieur maître Charles Marcadé, conseiller du roy, maître ordinaire en sa chambre des comptes à Paris, neveu du défunt ; de monsieur Pierre Vedye, conseiller du roy, son lieutenant général civil, criminel et de police au siége roïal de Dourdan, et de monsieur Michau, conseiller du roy, lieutenant de la maîtrise au dit Dourdan, qui ont signé avec nous prieur-curé de Saint-Germain du dit Dourdan.

(Et ont signé :)
« Vedye, Marcadé, Michau, Titon. »

En marge du registre est écrit :

« Enterrement de M. Regnard, né à Paris en 1647. »

À la table on lit :

« Jean-François Regnard, garçon, fameux poëte. »

Voilà tout l’éloge biographique — il est assez piquant d’ailleurs — que Regnard a reçu jusqu’ici dans la localité. On chercherait en vain dans la chapelle de la Vierge de Saint-Germain une pierre ou un mausolée. Bien que Regnard ait été un très-médiocre paroissien, nous comptons réclamer et pensons obtenir, puisqu’on restaure l’église, une petite inscription reproduisant au moins l’acte de décès qu’on vient de lire.

Le château de Grillon fut vendu, et c’est encore à un acte de notaire que nous empruntons un dernier détail qui intéressera peut-être ceux qui se donnent tant de peine pour arriver à connaître la famille de Regnard.

Les héritiers, qui avaient accepté la succession « sous bénéfice d’inventaire, » se hâtèrent de céder (le 13 mars 1710) la maison, le moulin et les terres de Grillon pour 21,000 livres et le mobilier pour 2,000. Nous voyons figurer dans le contrat de vente :

La sœur de Regnard : dame Jeanne Regnard, veuve de Pierre Marcadé, conseiller, secrétaire du roi.

Ses neveux et nièces : Pierre Bellavoine, et Marthe Bellavoine, femme de Sr Clapisson d’Ullin, seigneur de Chartrettes, fils et fille d’Anne

  1. Une copie de cet acte fut envoyée le 1er juin 1821, par M. Moulin, maire de Dourdan, à Beffara, qui l’avait demandée. Le patient investigateur a prouvé que Regnard était né non pas en 1647, mais le 8 février 1655, et que, par conséquent, il était mort non pas à 62 ans, mais à 54 ans 6 mois 27 jours.