Page:Chronique d une ancienne ville royale Dourdan.djvu/295

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
279
LE CHÂTEAU DE REGNARD À GRILLON, ETC.

La rivière au-dessus, d’un cours toujours égal,
Remplit jusqu’au gazon les bords de son canal,
Et ses eaux, retombant au bout d’une esplanade,
Au-devant du perron forment une cascade…
Une haute futaie, une longue avenue
Augmentent les appas de cette aimable vue,
Dont le riant aspect et l’agréable plan
Se terminent enfin aux clochers de Dourdan[1].

Prose pour prose, l’acte de vente que nous avons découvert est au moins aussi instructif. On y voit : La maison de Grillon, bâtie nouvellement en 1676, consistant en un pavillon de briques, couvert d’ardoises, avec un perron à deux rampes ; une grande cour avec un autre petit pavillon couvert de tuiles servant de fournil. Jardin devant et derrière la maison, jardins de buis plantés en parterre, arbres fruitiers, arbrisseaux, carrés en potager. Vivier derrière et à côté du plus petit desdits jardins. Basse-cour, avec écurie, vacherie, bergeries, grande grange avec colombier ; le tout situé sur la rivière d’Orge. Des deux côtés de la maison, deux avenues plantées l’une de charmes, l’autre de saules. — Le moulin de Grillon situé sur la rivière au bout des aunaies de Grillon ; les terres, prés, bois et pâturages qui en dépendent : petite garenne de bois taillis, aunaies, chenevière ; pièce de 86 arpents devant la porte de la maison ; — le tout faisant environ 124 arpents[2].

Quant au paysage, on ne saurait en rêver en effet de plus calme : une longue vallée, un modeste cours d’eau, des moissons, des prés, des pentes cultivées, des coteaux couronnés d’un côté par la forêt de Dourdan, de l’autre par les bois de Louye. Au couchant, le détour de la vallée de Sainte-Mesme ; au levant, la ville de Dourdan, ses maisons étagées, sa vieille tour et ses grands clochers.

Regnard, seigneur féodal, avait des vassaux. Quelques braves paysans étaient ses censitaires ; mais lui-même relevait du seigneur du Marais, et dès le 1er décembre 1699 il rendit foi et hommage à Me  Charles Hurault pour la seigneurie et le moulin de Grillon[3]. Pour une autre portion, il était sous la censive du prieur de la paroisse Saint-Pierre. Il y avait encore un demi-quartier de pré pour lequel revenaient à la fabrique Saint-Germain 9 sols parisis de rente foncière, le jour de la Saint-Remy ; et Regnard en passa solennellement une reconnaissance le 6 juillet 1700[4].

  1. Gacon, le poëte sans fard, épître xviii, à MM. de Clerville et Rongeault. 1701, p. 176.
  2. Archives du château du Marais.
  3. Archives du Marais.
  4. Archives de l’église Saint-Germain. — « Fut présent, par-devant François-Guillaume de l’Hospital, marquis de Sainte-Mesme, bailli des ville, bailliage et comté de Dourdan : Jean-François Regnard, ancien trésorier de France, conseiller du roy et de S. A. R. Monsieur, lieutenant en la maîtrise des eaux et forêts de Dourdan,