Page:Chronique d une ancienne ville royale Dourdan.djvu/283

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
267
L’HÔTEL-DIEU

çoivent par mois jusqu’à 5,727 livres de pain. Il y a aussi, dans les grandes misères, des distributions de riz de la part du roi. En 1739, l’élection de Dourdan en reçoit 4,000 livres que l’évêque est chargé de distribuer aux paroisses. Saint-Germain en obtient 250, et Saint-Pierre 150. En 1752, sur 6,000 pour l’élection, 250 paroissiens de Saint-Germain et 40 paroissiens de Saint-Pierre se partagent 435 livres de riz, soit une livre et demie par personne. C’était un faible secours dont les intendances faisaient pourtant assez d’étalage dans des circulaires sur le mode de distribution, de conservation, de cuisson, etc.

Quand le travail manque complétement et que l’agitation est à craindre, des ateliers de charité s’ouvrent pour les malheureux ouvriers dont la corvée devient au moins un gagne-pain. En février 1773, les journaliers de Dourdan et des environs sont épuisés de misère, et le subdélégué se fait leur chaleureux avocat auprès de l’autorité supérieure : « J’insiste de nouveau, vous suppliant d’accorder au moins un millier d’écus pour soutenir les bras chancelants de ces malheureux corvéables, réduits dans la plus cruelle indigence ; ce secours alimentaire devient indispensable et un atelier de charité ranimera leur courage abattu, car la misère des temps les réduit aujourd’hui dans l’impuissance absolue de travailler gratuitement. Que votre cœur compatissant ne laisse pas dessécher ces herbes précieuses de l’État, puisque leur suc nourrissant, économisé avec sagesse, en alimente le corps ! » Le subdélégué, malgré sa bonne volonté, n’obtient pas grand’chose, et on ne lira peut-être pas sans intérêt la lettre qu’il écrivait, avec une certaine hardiesse, le 5 mai suivant. C’est un vivant tableau de Dourdan à cette époque :

« Je ne puis fermer plus longtemps les oreilles au cri général des personnes charitables de Dourdan, qui, depuis quelques mois, se sont épuisées pour secourir quantité de chefs de ménage et pauvres veuves affligées d’une maladie qui paroit se déclarer épidémique. Aujourd’hui que les secours sont épuisés, que la misère est presque à son comble, qu’il est mort depuis trois mois ou environ, 34 grands corps dans la seule paroisse de Saint-Germain, qu’il y a encore jusqu’à trois et quatre malades dans plusieurs ménages sans ressource, je ne puis qu’intéresser la bonté de votre cœur, pour du moins leur faire procurer les remèdes et assistance de chirurgiens, étant dans l’impuissance de frayer à toutes ces dépenses.

« Cette petite ville en général est médiocrement aisée : les charges de toutes espèces que les besoins de l’État font supporter à ses habitants, et qu’ils sont obligés d’acquitter, diminuent d’autant les petites ressources économiques qu’ils employoient avec zèle au soulagement des malheureux. L’imposition arbitraire des vingtièmes, sans égard à des réparations accablantes, les reconstructions des presbytères, nefs d’églises, entretien du pavé, défaut intermédiaire de locations, pertes de loyers, di-