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CHAPITRE XIX.

le lecteur nous permettra de donner à ce sujet quelques détails qui ne seront pas une digression, puisqu’il est question de la fusion des deux maisons hospitalières de Dourdan.

La maladrerie Saint-Laurent[1], située à la porte de Dourdan, était, comme la plupart des établissements de ce genre, devenue depuis longtemps inutile. La lèpre était une maladie qui avait presque entièrement disparu du royaume, grâce aux soins donnés aux malades et à une réglementation sévère. Les biens et revenus des maladreries, restés presque sans objet, avaient été l’occasion de déprédations de la part de ceux qui étaient chargés de les administrer, de déclarations et d’édits de la part du trône. L’ordre de N.-D. du Mont-Carmel, incorporé en 1607, par Henri IV, à celui de Saint-Lazare qui avait de temps immémorial desservi les maladreries, pensa un instant absorber les biens restés aux léproseries, mais on songea avec raison qu’il valait mieux employer sur les lieux, pour d’autres malades, les biens fondés pour des malades qui n’existaient plus. L’édit du 24 août 1693 appliqua ces biens aux besoins locaux. En vertu de cet édit, le samedi 9 octobre 1694, l’évêque étant à Dourdan dans le cours de ses visites, messire Louis Broussard, chanoine de Chartres, est chargé d’une enquête sur Saint-Laurent et sur l’Hôtel-Dieu. S’étant transporté à la grande porte de l’église et ayant fait sonner la cloche, il réunit autour de lui « le général et commun des habitants » et, le questionnaire de M. le chancelier à la main, il interroge les assistants sur leur antique léproserie. Les anciens, ceux qui se souviennent des vieux dires, élèvent la voix et un notaire écrit. Voici ce qu’on apprend :

1o Nul n’a connaissance de l’origine de Saint-Laurent. Tous ses titres ont été perdus dans les guerres civiles.

2o De ses possesseurs, on ne connaît que le sieur de Neuville, commandant de l’ordre de Saint-Lazare, qui en jouit depuis vingt ans, et le sieur Devienne qui en jouissait auparavant, on ne sait en quelle qualité. Il y a plus de cent ans que la maladrerie est régie par les commissaires et administrateurs de l’Hôtel-Dieu.

3o L’hospitalité a été autrefois gardée dans ladite maladrerie et on y renfermait les lépreux et pestiférés.

4o De mémoire d’homme, on n’a vu de lépreux à Dourdan.

5o Les biens et revenus sont environ 60 arpents de terre autour de Dourdan, les droits de plaçage et de mesurage à la foire Saint-Laurent, le tout affermé 230 livres par an[2].

  1. Voir chapitre IV.
  2. 31 arpents en plusieurs pièces aux environs de la chapelle, 8 arpents du côté de Louye, 11 près l’étang de Gaudrée, etc. — Bail du 10 avril 1687, pour neuf ans, à Isaac Rousseau, notaire à Dourdan, par le procureur de messire Henry Barrière de Vollejar de Neuville, « commandeur de la commanderie de la ville de Dourdan et des malladreries en dépendans. » — Julien Joseph avait été, pendant trente ans, fermier à 200 livres.