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LE CHÂTEAU.

grès et s’assied solidement dans le fond du fossé, ont des murs dont la maçonnerie atteint ou dépasse deux mètres d’épaisseur. Elles contenaient au moins deux étages soutenus par des voûtes à nervures et des planchers, et éclairés par d’étroites baies ou de simples meurtrières. Un escalier, pris en général dans l’épaisseur du mur, servait pour la communication intérieure. Ces tours, dont cinq sont aujourd’hui rasées au niveau de la courtine qui les relie, c’est-à-dire au niveau du premier étage, n’avaient point l’aspect massif et surbaissé qu’on leur voit actuellement, mais s’élevaient minces et élancées, et devaient être surmontées d’un chemin de ronde avec machicoulis et d’un haut toit pointu revêtu d’une couverture de tuiles[1]. Des souterrains voûtés « et blancs comme neige » mettaient en communication ces tours et servaient de magasins pour les vivres et les munitions. Une autre communication aérienne les reliait toutes à l’extérieur. Une sorte de galerie couverte en bois, avec toit incliné et paroi antérieure percée d’ouvertures pour lancer des projectiles, était accrochée ou fixée aux murailles et permettait de circuler de tour en tour.

Intérieurement, le quadrilatère était occupé par une grande cour qui servait de place d’armes et se garnissait au besoin de baraques pour le logement de la garnison. Sur les quatre côtés de cette place s’étendaient des corps de bâtiments qui s’appuyaient à la courtine et s’enclavaient dans les tours. Ces bâtiments avaient, eux aussi, de hauts toits aux pentes rapides, et prenaient en grande partie leur jour sur l’intérieur. Le principal corps de logis était celui qui garnissait le côté que longe la rue de Chartres et s’ouvrait au midi sur la cour. Au rez-de-chaussée, dans des salles basses, étaient le puits au large diamètre avec des pierres saillantes comme des degrés le long de ses parois, les cuisines, l’entrée des escaliers et vis montant aux deux étages supérieurs. Dans la tour enclavée au milieu de ce bâtiment, une porte donnait accès à l’escalier des fossés et, presque au pied de cet escalier, une profonde citerne à laquelle on descendait par des marches de pierre, offrait une provision d’eau fournie par l’égout des larges toits.

À l’extrémité de la cour, non loin de la grosse tour, et presque en face de l’entrée principale du château, s’élevait la chapelle de Monsieur Saint-Jehan, dont Philippe-Auguste avait assuré le service quotidien par un des chanoines de Saint-Germain. À gauche, en entrant, une grande salle voûtée (qui supporte aujourd’hui la terrasse) s’adossait à la muraille qui regarde le portail de l’église.

Nous avons hâte de revenir au donjon, car c’est en lui que se résumait la défense extrême de la place ; c’est lui qui commandait et couvrait le pays, et c’est à lui que se rattachait, comme au centre de la suzeraineté,

  1. Cette couverture de tuiles (ou plutôt son renouvellement sans doute) date, suivant de Lescornay, de 1450, et a été en partie ruinée au siége de 1591.