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L’ÉGLISE SAINT-GERMAIN

Villiers (ordre de Cîteaux,) près la Ferté-Alais, en percevaient un quart, et l’abbaye de Saint-Chéron-lès-Chartres prenait le surplus. Ces dîmes étaient affermées moyennant sept muids de grains, à la mesure de Dourdan, divisés en trois portions égales de froment, d’avoine et de seigle.

« Les charges ordinaires de cette dîme, dit dom Nicod, administrateur du prieuré de Louye et vicaire général de l’ordre en 1770, sont d’entretenir le chœur et chancel de l’église Saint-Germain ; la fabrique étant riche n’est pas dans le cas de réclamer les ornements ; mais aussi l’entretien et les réparations du chœur sont très-dispendieux. Il y a sept à huit ans il me coûta plus de 3,000 livres en réparation. On vient de reconstruire à neuf un pilier buttant qui a coûté 1,324 livres. Ce pilier a, par sa chute, occasionné une contestation entre les marguilliers, les habitants de la paroisse et les décimateurs, à cause des dégâts qu’il a faits aux couvertures de l’église et des petites, maisons qui y sont adossées. Cette contestation ne devoit pas avoir de suite, le pilier étant tombé par force majeure pendant l’ouragan du mois de février 1770[1]. »

Le prieuré de Louye prenait aussi la huitième partie de la dîme du vin « excepté que l’abbé et couvent de Saint-Chéron prendront vingt muids de vin commun à la mesure de Dourdan. (Invent. de Louye 1696.) » Cette dîme s’amoindrit et disparut complétement à Dourdan avec la culture de la vigne. On se souvient des contestations que soulevèrent certaines prétentions à la dîme des vignes au xiiie siècle et des pièces de procédures, des transactions, des sentences d’officialité tour à tour provoquées par le prieur[2], les chanoines de Saint-Chéron, les religieux de Louye et les lépreux de Dourdan. La fabrique, qui ne devait gagner à tout cela que des réparations au vaisseau de son église, fut souvent assez mal servie, obligée d’attendre fort longtemps et de dépenser beaucoup d’argent en plaidoiries. Témoin le fait suivant : des réparations aux voûtes du chœur, évaluées à peine à 1,000 livres, sont déclarées urgentes en 1683 ; il s’agit de la vie des prêtres et des fidèles. Les décimateurs, le couvent de Saint-Chéron-lès-Chartres, le couvent de Louye,

  1. Journal de D. Nicod. — Arch. départ. d’Eure-et-Loir.
  2. Un beau cellier, destiné très-vraisemblablement à resserrer les vins de la dîme, existe encore sous le prieuré, aujourd’hui presbytère, et, à ce titre, doit trouver sa place ici. Ouvrant sur le versant méridional, au-dessous de l’église, et construit dans un plan carré, il se compose de deux rangs de travées d’environ 4 mètres chacune, formant quatre voûtes d’arête plein-cintre, supportées dans les angles par huit colonnes de 1 mèt. 50 de hauteur, légèrement engagées dans les murs, et au milieu par une colonne isolée ; le socle carré qui dépasse la base se trouve enterré aujourd’hui, et le chapiteau, aux moulures très-petites, rappelle, bien que postérieur, le style du xiie siècle. Ces voûtes sont contrebutées du côté sud par trois contreforts à glacis avec un petit larmier. Une porte à arc surbaissé donne accès dans ce cellier. De la dernière travée du fond, on entre dans une autre cave en berceau sous la cour du presbytère.