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L’ÉGLISE SAINT-GERMAIN

dans les comptes de Saint-Germain. Ses archives en possèdent la collection qui embrasse plus de deux siècles.

Les paroissiens de Saint-Germain n’étaient pas bien riches en général. À certaines époques, ils étaient même fort gênés et les recettes de l’église s’en ressentaient. Les quêtes se faisaient dans trois bassins. Il y avait celui de l’Œuvre, celui de Notre-Dame et celui des Trépassés, plus tard celui de sainte Julienne. Le bassin de l’Œuvre avait des charges qui montaient environ à 45 livres par an au xviie siècle ; c’était lui qui payait l’office et la procession de saint Sébastien, certaines processions du Saint-Sacrement, les saluts depuis Pâques jusqu’à la Pentecôte. Il récolta pendant les années 1645 et 1646, prises ensemble, 97 livres, 16 sous, toutes charges payées ; en 1730, il lui revint à peine 6 livres. — Le bassin de Notre-Dame était plus riche. Le compte « d’honneste personne Léonard Pélault, marchant, gager du bassin Notre-Dame pour 1591 et 1592, » nous a fourni ci-dessus quelques détails curieux sur l’époque du siége du capitaine Jacques. Le journal de l’honnête marguillier s’arrête « aux unze sols neuf deniers tornois reçeus le jour de Kasimodo, » et reprend « aux trente-cinq sols cinq deniers reçeus pendant les féries de la Pentecoste. » Entre les deux, il y a le siége, la guerre, la ruine : « nota que le dict rendant n’auroit rien reçeu à cause que l’armée de M. le mareschal de Biron estoit en cette ville de Dourdan. » C’est cette année-là que la ville emprunte au bassin de la Vierge 20 écus pour payer un messager dont elle a besoin dans un cas urgent. Toutes charges de messes payées, la recette des deux années s’élève à 95 livres[1]. Elle est tombée à 19 livres en 1730. — Le bassin des Trépassés était le mieux garni en général ; il payait un grand nombre de messes pour les défunts, et cette même année 1730, il lui restait 77 livres. Le revenu de l’herbe du cimetière lui appartenait. — Aux quatre grandes fêtes solennelles, on quêtait à Saint-Germain au profit de l’église Saint-Pierre. C’était un ancien usage. On prétend que le grand clocher de Saint-Germain étant tombé, la paroisse, n’ayant pas le moyen de le relever, emprunta à la fabrique Saint-Pierre une somme de deniers et lui accorda ce privilége en reconnaissance du service.

Les bancs dans l’église étaient encore un revenu de la fabrique, revenu bien minime d’abord, car la redevance exigée des familles ne s’élevait anciennement qu’à quelques livres ou même à quelques sols[2]. Les paroissiens attachaient pourtant une grande importance à leurs bancs et

  1. La recette totale des quêtes, pour ces deux années, est de 59 écus.
  2. Les bancs étaient loin d’être uniformes et de présenter un coup d’œil gracieux. Beaucoup tombaient de vétusté au commencement du xviiie siècle. En 1751 M. Védye, voyant l’église peu en fonds, obtint des habitants la reconstruction uniforme et une nouvelle location des bancs. Vingt-trois de ces bancs, qui coûtaient 17 liv. 5 s. la toise, produisaient, dès 1752, 253 liv. Le revenu annuel des bancs est estimé à 843 liv. dans l’inventaire révolutionnaire de 1790.