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CHAPITRE XVI.

d’Authon, appartenir à la paroisse Saint-Pierre et des maisons voisines de Saint-Pierre, dans la rue Saint-Pierre, la rue Neuve, le bas de la rue d’Étampes, etc., dépendre de la paroisse Saint-Germain ; ou, comme dans la rue du Puits-des-Champs, le côté droit relever d’une église et le côté gauche d’une autre. Même anomalie souvent pour la banlieue de Dourdan, dont la plus grande partie néanmoins, comme Grillon, Semont, Rouillon, etc., appartenait à la paroisse Saint-Germain.

L’administration séculière de la paroisse était, dans le principe, comme celle de la ville, éminemment démocratique et elle conserva cette forme jusqu’à la fin, alors même que l’influence de la centralisation en eut atténué les effets. C’étaient les habitants rassemblés qui nommaient plusieurs d’entre eux pour être les gagers, proviseurs ou marguilliers de l’église, et c’étaient encore les habitants rassemblés qui délibéraient et statuaient en commun sur toutes les questions qui intéressaient la fortune ou l’entretien de l’église. L’église était la chose commune, tous s’en préoccupaient, tous avaient le droit de s’en occuper et l’acte d’assemblée ou le résultat était l’expression d’un suffrage universel authentiquement formulé d’après une teneur juridique : « Aujourd’hui dimanche… par-devant N., notaire royal à Dourdan, sont comparus au banc de l’œuvre de l’église Saint-Germain, issue de la grand’messe de paroisse, dite, chantée et célébrée en ladite église, après que la cloche a sonné en la manière ordinaire et accoutumée pour la convocation des habitants de ladite paroisse, en conséquence des publications faites aux prônes des messes de paroisse du dimanche présent et du précédent, à la requête des marguilliers ou proviseurs… etc. » Suivent les noms des habitants, souvent en très-grand nombre : d’abord les autorités, officiers royaux, puis les bourgeois et marchands « composant la plus saine et notable partie des habitants. » On retrouve là toutes nos familles locales, et quand le document est ancien, comme plusieurs de ceux que nous avons eu l’occasion de voir et de citer, il devient un titre précieux pour les individus et pour le pays. Devant la tablette de Saint-Germain s’agitèrent bien souvent d’autres questions que celles de l’église et les plus graves affaires de la ville s’y décidèrent. En bons citoyens, les marguilliers ouvrirent leur caisse et prêtèrent leurs épargnes dans des heures de détresse et de pénurie du trésor municipal. On se souvient de l’emprunt fait à la fabrique, au lendemain du siége de 1591, par le bailliage. C’était à charge de revanche : la ville, plus d’une fois, se saigna pour son église.

Les marguilliers en charge, plus nombreux au xve siècle, sont en général réduits à trois, outre les marguilliers d’honneur, titre accordé à quelque notable personnage. Les marguilliers sont nommés pour deux années. Le premier est comptable et responsable, et son compte est soigneusement apuré devant tout le conseil des habitants et vérifié par l’évêque au cours de ses visites. S’il vient à mourir pendant sa gestion, sa veuve, ses héritiers paraissent à sa place et un ordre admirable règne