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CHAPITRE XVI.

N’oublions pas la chaire, faite par un habile menuisier de Dourdan, sous Louis XIV, et revêtue aux jours de fête de ses riches parements ; — le banc de l’œuvre, recouvert de son tapis de trois aunes de drap vert, garni de balustres et augmenté, devant le pilier, d’une place réclamée par le curé pour entendre le sermon (1699) ; — la statue de pierre de l’Ecce homo qui se voyait au-dessus du second pilier de gauche en entrant dans la nef et passait pour un morceau de prix ; — les orgues, dont les huguenots avaient emporté les riches étoffes en 1567, et qui, ruinées dans le siège de 1591 rétablies sous Louis XIII, réparées et augmentées en 1730 moyennant 2,000 livres, pour être rendues plus harmonieuses « et plus sonnantes, » touchées durant de longues années par le sieur Thévard, furent entièrement refaites en 1770 ; — l’horloge dont le timbre historique de 1599 rappelle les malheurs et les espérances de la ville ; dont le cadran, du côté des halles, fut inauguré en 1665, et le mécanisme renouvelé en 1764[1].

Les cloches, cette voix de l’église éminemment populaire qui convoquait nos pères à la prière ou aux assemblées publiques, ont eu aussi leur histoire, leurs jours d’éclat et leurs tristes heures de silence. Leur riche métal fut l’objet de la convoitise des pillards dans plus d’un siège, et, suivant une loi de la guerre, le profit de l’artillerie royale après la capitulation de 1591. C’est en vain que les marguilliers firent le voyage de Chartres pour essayer de les racheter, il fallut fournir une nouvelle matière, et nous avons dit ailleurs[2] les quêtes faites dans les maisons, les dons de ferrailles et quincailleries par les habitants, le marché passé avec Thomas Mousset et ses opérations en plein air, pendant le rude hiver de 1596.

Trois cloches sortirent des moules dressés au pied du clocher. Louis XIII en ajouta plus tard une autre dont il fut le parrain, et à la même époque, en 1624, Guillaume Védye, fils de Pierre Védye, à l’occasion de l’inhumation de sa mère au pied de l’autel Sainte-Barbe, en donna une petite qui portait ces mots : « En fin de l’année 1624 j’ai esté fourny poisant quatre-vingt quatre livres, par M. Guillaume Vedye ; greffier en l’élection de Dourdan. » Elle fut suspendue dans le petit clocher où elle servit à sonner les messes basses, et de commande pour les grosses cloches. Tout le monde la connaissait sous le nom de Guillemette ; mais une fêlure lui fit perdre son timbre argentin et en 1767, Henriette Védye, femme du lieutenant-général Roger, fut marraine de sa remplaçante[3].

Les quatre grosses cloches, dont l’une pesait six mille livres, formaient un superbe carillon. C’était l’honneur de la fabrique. En 1700, les mar-

  1. Tout ce qui précède, sauf le timbre de l’horloge, a été détruit et remplacé.
  2. Chapitre de Dourdan sous Henri IV.
  3. Aujourd’hui Guillemette a fait place à Anaïs-Célestine, dont madame Boivin fut la marraine en 1852 et M. De Metz le parrain.