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CHAPITRE XV.

tion de Son Altesse Sérénissime, ont fait combler à leurs frais tout le fossé de la ville, depuis la tourelle carrée jusqu’à la porte de Chartres, et planter sur ce nouveau boulevard une double rangée d’ormes. C’est à M. Fougerange, conseiller du roi, grenetier de la gabelle et lieutenant particulier du bailliage, que l’on doit ce précieux embellissement. C’est lui qui a été le dépositaire et le dispensateur des fonds et qui s’est donné une peine infinie pour faire achever le travail dans l’année 1747.

Au midi du jeu de paume, à l’intérieur des murailles, est l’emplacement du champ de foire de Saint-Félicien, où se presse au mois de septembre un immense concours d’étrangers. En face, dans le Champtier de la Tourelle Carrée, on a transporté le cimetière de Saint-Pierre. En échange de l’ancien, M. de Verteillac a donné et fait enclore de murs ce nouveau terrain[1]. — Non loin de là, au milieu du chemin qui mène à Roinville, est la Croix-Rouge, ombragée d’arbres, et, en remontant au nord, dans les champs, la ruelle aux Moines et le Champtier de la Justice, lieu maudit où se dressaient les fourches patibulaires et s’exécutaient les sentences de la prévôté.

Les dépendances du Parterre, la belle propriété de M. Lévy acquise par M. de Verteillac, ont pris la place de la rue des Bordes, qui menait à la Croix-Rouge, et dont les bordes ou petites maisons couvertes de roseaux s’étaient échelonnées à la sortie de la ville et étaient devenues des lieux mal famés. La grille du parc touche à la porte Saint-Pierre ou de Paris. Deux tourelles[2] défendent cette entrée de la ville dont les remparts, enclavés dans la terrasse du parterre, ne reparaissent plus qu’au faubourg Grousteau, qui a perdu sa communication avec la rue des Bordes. La rue Haute-Saint-Pierre longe la maison de M. Lévy, où nous ramènerons plus tard nos lecteurs, et aboutit devant Saint-Pierre. La vieille église est en assez mauvais état. Son unique clocher, bâti au-dessus du chœur, souvent ébranlé par la foudre, inspire au quartier quelques inquiétudes. Son chevet est engagé dans les bâtiments de M. de Verteillac et sa sacristie est une matière à procès. La pointe de terrain qui formait l’antique cimetière a été débarrassée d’une partie de ses tombes et plantée d’ormes. Le sol, lentement exhaussé par les débris des générations humaines, avait monté plus haut que les murs qui le soutenaient, et sa ceinture trop étroite menaçait de se rompre sous la pression des terres amoncelées. M. de Verteillac en a profité pour éloigner de ses fenêtres ce voisinage qui l’attristait.

Attenant à l’église et debout sur un terre-plein qui domine la rue adjacente s’élève le Prieuré. C’est une demeure modeste avec petit jardin ; mais comme le prieur de Saint-Pierre est à la fois seigneur temporel et

  1. De 120 pieds de long sur 24 de large. — Contrat du 3 mai 1764. — Le cimetière Saint-Pierre a disparu avec la paroisse et fait aujourd’hui partie du parc de M. Mothu.
  2. Aujourd’hui démolies.