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LA VILLE.

de l’hôtel de Groslieu avec son escalier en tourelle que possède l’hospice, et la grande habitation avec jardin du seigneur de Grateloup, au commencement du xviie siècle, ce sont des maisons sans histoire, de petites fermes, dont les propriétaires ont obtenu, pour quelques deniers de cens, une sortie sur les remparts.

En dehors de la porte de Chartres s’ouvre le quartier des Maillets et la route de Saint-Arnoult, qui se confond d’abord avec la rue du Faubourg-de-Chartres. Une croix se dresse au milieu du chemin. Construit dans un terrain triangulaire, à la sortie de la ville, le cimetière Saint-Germain a remplacé depuis trois siècles l’ancien cimetière qui existait jadis sur la place de l’Église. Il est devenu lui-même trop restreint pour la population[1]. Des deux côtés de la porte de Chartres, les murailles de la ville, régulièrement flanquées de tourelles et naguère bordées de fossés, forment autour de Dourdan une imposante ceinture. À gauche, les remparts s’inclinent avec le terrain jusqu’à la rivière. À droite, ils se prolongent sur un sol nivelé et sans autre interruption, de la porte de Chartres à la porte Saint-Pierre, qu’une ouverture dans l’axe de la rue Croix-Ferras ou Ferraize, à l’endroit de la Tourelle carrée.

La croix Ferraize ou de fer (crux ferrata) s’élevait jadis au milieu de la rue dans une sorte de carrefour, et une rue tendant derrière les remparts longeait au dedans de l’enceinte le chemin de ronde.

C’est à l’occasion de messieurs les joueurs de paume que la ville a commencé à combler ses fossés et à les convertir en promenades. La longue paume a été de temps immémorial le jeu favori des Dourdanais. Un grand nombre de parties de paume s’organisaient tous les dimanches. Chaque quartier, presque chaque rue avait la sienne. Les passants se plaignaient ; atteints par les balles, plusieurs d’entre eux avaient été blessés, sans compter les accidents aux vitres des voisins que tout le monde n’a pas le droit de casser ou de faire treillager comme Louis XIII. Monseigneur le duc d’Orléans, prié à cet effet, a octroyé aux joueurs, en 1742, une portion des fossés de la ville, depuis la porte Saint-Pierre jusqu’à la tourelle carrée, avec la permission de les combler et d’y installer leur jeu. M. de Verteillac, gouverneur de la ville, a donné avec une grande bienveillance un morceau de terre qui lui appartenait pour élargir l’espace. Un nouvel élan s’est emparé des joueurs ; de savantes parties, des défis entre les jeunes gens de Dourdan et ceux des villes voisines attirent très-souvent après vêpres une foule de spectateurs, et les anciens du pays ne manquent pas de venir juger et applaudir les coups.

Une rangée d’arbres plantée au nord du jeu de paume en dessine l’enceinte et les habitants charmés de cette promenade ont imaginé de l’étendre. Les plus riches bourgeois se sont cotisés, et avec, l’autorisa-

  1. Le cimetière actuel, transporté à mi-côte de la butte de Liphard, beaucoup plus loin de la ville, date de 1792. D’abord enclos de fossés, il a été muré en 1812.