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CHAPITRE XV.

sombre. Une porte voûtée comme celle d’une crypte donne entrée dans de vieilles caves ; on parle de souterrains qui rejoignent le château. Messieurs les prédicateurs, quand ils ne logeaient pas au presbytère, aimaient assez cet asile austère et c’est au maître du Croissant que les marguilliers payaient la dépense faite par les bons pères Cordeliers, venus pour prêcher l’Avent et le Carême de 1595 dans l’église nouvellement réparée[1].

Vis-à-vis des fossés du château que borde la rue de Chartres, les Trois Maures[2] attirent les yeux par leur enseigne voyante et leurs trois nègres aux turbans fantastiques, et on se souvient à peine des Papegaux (ou perroquets) qui, eux aussi, une ou deux portes plus loin, avaient une belle image au xive siècle. La rue Tirard ou à Tirard nous remet en mémoire le receveur du domaine de Dourdan, qui a lui donné son nom sous François Ier. Juste en face de la grosse tour, la maison de la Souche[3] avait d’immenses dépendances, et le puits de la Souche, sur le bord de la rue, alimente encore d’eau ce quartier qui sans lui en manquerait. La rue tourne, comme le fossé, autour du donjon, et sur la gauche, la rue des Fossés, la rue Motte-Gagnée et la rue des Belles-Femmes, dont nous retrouvons l’autre bout, descendent dans la ville basse. L’hôtel de messieurs Roger, lieutenants-généraux du bailliage, fait à la fois le coin de la rue Motte-Gagnée et celui de la rue des Belles-Femmes[4]. Leur tranquille demeure, à grande porte cochère toujours fermée, a remplacé l’ancienne hôtellerie du Cygne, et maître René Buffy remplace, lui aussi, tout près de là, à la porte de Chartres, la taverne du Héron, ce rendez-vous des pages et des fauconniers, quand ils rentraient de la chasse des étangs du roi. Des maisons de bonne apparence bordent le côté droit ; et cette partie haute de la rue de Chartres est généralement habitée par la bourgeoisie.

Immédiatement avant la porte de Chartres, à l’endroit du marché aux Cochons, la rue Neuve, ainsi appelée depuis plusieurs siècles, nous ramènerait, en tournant, dans la direction d’où nous venons ; car, parallèle à la rue de Chartres, elle sert de débouché aux rues Tirard, du Bon-Saint-Germain, du Trou-Salé et au jardin de l’hospice. Ne nous y engageons donc pas, car nous voulons sortir par la porte de Chartres. Au surplus, nous aurions peu de chose à voir dans la rue Neuve. À l’exception

  1. Déclarée au terrier de 1537 par Robert de Fortmanoir, tenue en 1781 par Jeanne Yvon, la maison du Croissant est peut-être la seule qui ait conservé son nom et sa destination. Récemment reconstruite, c’est aujourd’hui un fort bel hôtel.
  2. Propriété d’Ollivier Guerton en 1668 et des Decescaud au xviiie siècle. — Antoine Roussin, hôtelier en 1687.
  3. Aujourd’hui hôtel de Lyon. — Le puits a conservé son nom.
  4. Occupé sous l’empire par les messageries et la poste aux chevaux, devenu pensionnat de mademoiselle Lequeux, aujourd’hui habitation et étude de M. Curot, notaire.