Page:Chronique d une ancienne ville royale Dourdan.djvu/195

Cette page a été validée par deux contributeurs.
181
LA VILLE.

Sans nous engager dans le chemin qui mène à la Croix Saint-Jacques et à Grillon, suivons la rue des Vergers Saint-Jacques, qu’on nomme aussi la rue de la Chiennerie, et qu’on appelait, aux xve et xvie siècles, la rue aux Oies ou le chemin des Mores. Des jardins maraîchers couvrent l’île formée par les deux bras de l’Orge, et par dessus les murs on voit la ville s’élever en amphithéâtre et le vaisseau de l’église Saint-Germain se dresser fièrement de toute sa hauteur. Ce lieu est sous la censive des dames de Lonchamp, on lui donne les noms de l’Hermitage, la Tête aux Mores, la Chiennerie, sans doute en souvenir des chenils de la meute royale[1].

La rue des Vergers aboutit à celle du faubourg du Puits-des-Champs, ainsi nommé à cause du puits placé au bas de la rue, au milieu du carrefour des chemins de Grillon et de Corbreuse[2]. C’est par ce faubourg que nous rentrerons dans Dourdan. Une rangée de maisons basses borde la rue. À gauche, derrière ces maisons, coupés par une autre ruelle de la Poterie, des enclos vont rejoindre les prés et l’étang du Roi : c’est le clos Saint-Père, la plus vieille des propriétés de l’église Saint-Pierre, exploité dès le xiie siècle par les moines de Morigny ; le Bourgneuf, autrefois appelé le Bourguerin ; la petite ferme achetée pour les dames de l’Instruction chrétienne par leur pieuse fondatrice, etc. La rivière barre la rue du Puits-des-Champs à la porte de la ville[3] ; chevaux et voitures la traversent à gué entre deux tourelles[4]. À l’intérieur des murs, la rue change de nom ; quartier des fouleurs de laine et des tanneurs, elle devient rue de la Basse-Foulerie, et remonte vers les Quatre-Coins, dominée par la grande silhouette du donjon du château.

Avant d’arriver aux Quatre-Coins, enfonçons-nous sur la gauche, dans une vieille rue à l’angle de laquelle surplombe un escalier en poivrière[5]. C’est un recoin très-fréquenté, car c’est la rue du Moulin-du-Roy. Le vieux moulin, qui ressemble assez à une masure, appartient au domaine, avec la grange sa voisine que le duc d’Orléans tient des dames de Lonchamp. Tout à côté est la cour du Loup, une espèce de cour des miracles assez mal famée. Le Loup est une très-ancienne auberge fréquentée jadis par les garnisaires qui, en temps de guerre, occupaient Dourdan. Sous la Ligue, maint chef de soudards s’est installé là pour faire bonne chère, et, après le siége de 1591, la ville a dû faire plus d’un sacri-

  1. Terrains du gazomètre, etc.
  2. Ce puits, fort gênant pour la circulation, a été comblé, et M. Lebrun, l’architrésorier, en a fait ouvrir un autre à quelques mètres de distance, à l’angle de la rue qui porte son nom, autrefois la rue du Bourgneuf.
  3. Autrefois porte du Puits-des-Champs, aujourd’hui porte de Châteaudun.
  4. Le pont actuel date de prairial an IX. Une médaille commémorative a été déposée sous la première pierre par le consul Lebrun. Les deux tourelles ont été détruites.
  5. Cette maison a disparu il y a deux ans.