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JURIDICTIONS. — ADMINISTRATION.

fort souvent ruiné. Quand le tableau des collecteurs était fait par le syndic et les collecteurs en charge, il était affiché à la porte de l’église Saint-Germain et la cloche convoquait les habitants. « L’approbation ou l’acte de refus » étaient déposés au greffe de l’élection avant le 1er octobre de chaque année et, sur réquisitoire du procureur du roi, il était procédé à la « condamnation » des collecteurs.

La généralité d’Orléans était toujours plus chargée que les autres comme impôt ; on savait que les laboureurs tiraient du numéraire de la vente de leurs grains pour Paris, et on s’arrangeait de façon à le leur faire rendre. La ville de Dourdan n’avait pas les ressources de la culture, tous les malheurs passés avaient apauvri ses habitants, et son commerce de bas, un instant très-florissant, tombait chaque jour en décadence ; elle avait souvent bien de la peine à payer la taille et surtout ses accessoires et tous les impôts qui s’y ajoutaient. Nous avons vu, sous Louis XIII, de Lescornay apitoyer M. de Bautru sur « la somme excessive à laquelle la ville de Dourdan était taxée par le conseil pour la taille, à cause de quoy elle se dépeuploit de jour à autre, » et lui montrer « par les roolles des tailles que de huit cents qui y estoient compris il y en avoit 450 si misérables qu’ils n’estoient taxez chacun qu’à un double, un sol, deux sols, et ainsi en montant jusqu’à vingt sols, et que toutes leurs taxes ensemble ne reuenoient qu’à huit vingts livres, qui faisoient que la ville n’en estoit gueres soulagée et qu’en effect toute la taille n’estoit payée que par un petit nombre qui ne pouuoit plus subsister. » Le collecteur reçut 200 livres de la générosité du roi en l’acquit de ces pauvres gens.

Le règne de Louis XIV, avec son faste et ses guerres, fut loin d’alléger le fardeau, et Dourdan, qui avait peine à suffire à la taille, en maudissait les accessoires motivés par de coûteuses campagnes : « Ustensiles, supplément de fourrage, habillement, état-major de milice, etc. » Cependant, le chiffre devait toujours grossir ; en 1698, l’élection de Dourdan tout entière avait dû payer 82,802 livres de taille[1] ; juste cinquante ans après, en 1748, elle en payait 142,532. Ce qui rendait la taille plus odieuse et plus lourde, c’était l’inégalité, l’arbitraire complet de sa répartition. En 1732, le subdélégué de Dourdan recevait du contrôleur général et de l’intendant des lettres qui signalaient cet abus d’une manière sanglante et invitaient à y porter remède[2]. M. Vedye, qui entrait alors

  1. Mémoire pour l’Orléanais, à la bibliothèque de l’Arsenal.
  2. En 1718, l’élection de Dourdan recevait cette mauvaise note dans le rapport de l’intendance : « On observe que les officiers n’y sont pas zélés pour le bien des recouvremens et n’ont pas assez de vigilance pour l’expédition des jugemens, ce qui donne aux procureurs l’occasion de multiplier les frais. La noblesse ne paye, dans cette élection, ni dixièmes, ni capitations, entre autres MM. de Gauville, de Dampierre, Savary, etc., qui défendent même à leurs fermiers de payer. » — Arch. de l’Empire, H. 4793.