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CHAPITRE XIV.

tiques administrés pendant les épidémies de Sermaise et de Roinville en 1752 ; c’est lui qui fixe à 12 livres chacun des 67 voyages faits par les chirurgiens de Dourdan aux malades de Guillerval et de Monnerville en 1755, et à 5 livres les visites faites à Corbreuse pendant l’épidémie de 1756. Maintes questions lui sont adressées à ce propos, et l’État, qui commence à se mêler de tout, envoie au subdélégué, qui est obligé d’en accuser réception, des recettes médicales à l’usage de ses administrés : annonce d’un nouveau sel remplaçant avantageusement le sel de Glauber ; — formule d’une poudre contre la rage, faite de racine d’églantier arrachée avant la Saint-Jean « du côté du soleil levant » et incorporée dans une omelette ; — méthode de secours aux noyés consistant à les rouler dans un tonneau percé par les deux bouts ; — boîtes « du docteur Helvetius » accordées comme une faveur chaque année et à tour de rôle aux paroisses de l’élection ; — ce n’est là qu’un échantillon de ce que nous avons sous les yeux. Les maladies des bêtes à corne dans la contrée, en 1746 et 1747, les prétendus empoisonnements de bestiaux, etc., remplissent des centaines de lettres, et l’exprès fait deux fois le chemin de Dourdan à Orléans pour un cheval morveux ou une vache mal enterrée.

Nous ne parlons pas ici des rapports détaillés et quotidiens sur les subsistances, les récoltes, les marchés, le prix du blé ; nous aurons occasion, en traitant du marché aux grains, de voir à l’œuvre le subdélégué de Dourdan. — Nous omettons aussi ce qui a trait à la charité officielle, secours, envois de riz, etc. Le chapitre de l’hospice contient à ce sujet quelques renseignements. Disons seulement que la misère, affreuse à Dourdan vers la fin du xviiie siècle, trouva dans M. Roger un avocat plein de cœur et, comme on disait alors, de « vraie sensibilité. »

« Donneur d’avis, » commissaire enquêteur, le subdélégué répond aux incessantes questions qui lui sont posées par le ministère, et on ne se figure pas ce qui pouvait passer par la tête d’un contrôleur général, actif et universel comme l’était par exemple un M. Orry. Les papiers s’égarant facilement dans les bureaux, le même renseignement est souvent deux ou trois fois redemandé. Il faut dire, à toute heure, comment le blé est semé, comment il lève, comment il pousse ; — si on fume, si on marne, si on défriche ; — si on plante des mûriers blancs ; — si on fait bien le miel, comment on tond la laine, comment on tanne les peaux ; — le procédé employé dans telle industrie, la méthode qu’on pourrait imaginer pour telle autre ; — la dette de tel corps d’État, quand on a vingt fois certifié qu’il n’y en a chez aucun ; — s’il y a des jeunes gens de bonne mine dans les familles nobles de campagne pour en faire des pages au roi ou à monseigneur ; — si les couvents ont de belles chartes pour les archives ; — si l’on a trouvé dans la monnaie de bonnes pièces pour la collection du roi ; — si on veut des billets de loterie, etc. Le tout accompagné de tableaux et d’états à remplir, avec instructions multipliées qui finissent par fatiguer la patiente administration de Dourdan et lui arrachent cette