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JURIDICTIONS. — ADMINISTRATION.

quand il s’agit d’obtenir « modération » de la taille, et de l’influence efficace que lui donne alors son honorable caractère.

La levée de la milice est une opération délicate qui offre toujours au subdélégué plus ou moins de difficultés. A Dourdan il y a beaucoup de jeunes gens privilégiés, c’est-à-dire exempts. En vertu des ordonnances royales du 30 octobre et du 20 décembre 1742, tout le fardeau retombe sur les petits marchands, artisans, hommes de travail et leurs enfants. En 1743, Dourdan qui renferme 550 feux fait comparaître au tirage 33 jeunes gens et doit fournir 5 miliciens sur les 90 qu’on demande pour l’élection. En 1747, on compte 70 garçons au-dessus de 16 ans ; 50 sont admis à tirer au sort et trois miliciens sont fournis. En 1762, le roi qui veut entretenir le pied de guerre complet, sans aggraver les charges de la milice, demande aux villes des recrues prises sur les mendiants et vagabonds. Il faut voir comme le sieur du Rocher, entrepreneur du recrutement, est secondé à Dourdan par les jeunes gens de la ville qui conduisent eux-mêmes à Orléans les pauvres diables engagés bon gré mal gré qu’il s’agit de faire agréer par l’intendant, sous peine de partir à leur place. Transport des miliciens, congé des miliciens, miliciens réfractaires ou déserteurs, circulaires, arrêts, ordonnances à ce sujet remplissent les cartons du subdélégué. Sans compter les transports d’effets militaires par corvée auxquels les habitants se prêtent toujours de très-mauvaise grâce, les passages de troupes ou de prisonniers de guerre très-fréquents alors et qui demandent beaucoup de précautions pour l’approvisionnement et la garde de l’étape ; témoin le séjour de 2,400 Hollandais à Saint-Arnould, le 20 mars 1746 : au lieu de voler et de brûler comme ailleurs, ils sont enchantés de leur réception et du subdélégué de Dourdan et les officiers votent des remercîments pour n’avoir payé que deux livres 15 sols par repas.

Les chemins sont aussi une matière à mémoires et à déplacements. Études, plans, devis, passent sous les yeux du subdélégué ; les ponts et chaussées sont un corps puissant qu’il faut ménager au moins autant que la gent corvéable qu’on ne ménage pas toujours et qui se plaint souvent et, vers la fin du siècle, s’insurge quelquefois. Griefs des conducteurs contre la corvée, de la corvée contre les conducteurs, de l’administration contre l’entrepreneur, de l’entrepreneur contre l’ingénieur, tout est transmis le plus souvent par les subdélégués. C’est une justice à rendre à ceux de Dourdan et principalement à M. Vedye, qu’ils ont beaucoup fait ou obtenu pour les routes qui environnent Dourdan et dont nous reparlerons ailleurs.

La santé publique tient une grande place dans les rapports de la subdélégation. Les maladies épidémiques, les soins donnés en ce cas aux malades, les honoraires des médecins, les médicaments et les bouillons fournis parl’État, tout est rigoureusement enregistré. C’est le subdélégué de Dourdan qui donne un certificat de 80 saignées et de 150 émé-