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CHAPITRE XII.

qui, sous le nom de ducs d’Orléans, ont possédé Dourdan pendant cent vingt ans.

1672-1701. Philippe Ier d’Orléans, frère unique de Louis XIV, né en 1640, veuf de Henriette d’Angleterre, qui fut si inopinément enlevée, reçut Dourdan en apanage l’année même où il poursuivait sa brillante campagne de Hollande (1672), et donnait par sa valeur quelque ombrage au grand roi. Dourdan éprouva les effets de sa bienveillance et de sa charité. Le chapitre de l’Hôtel-Dieu rappelle les aumônes obtenues de lui et distribuées en son nom par sa cousine Marguerite-Louise d’Orléans, grande duchesse de Toscane, que les hasards d’une vie singulière ont conduite et régulièrement ramenée à Dourdan pendant de longues années.

1701-1723. Philippe II, dit le Régent, fils du précédent, né en 1674, célèbre par ses brillants talents et ses mœurs scandaleuses, maître de la France pendant toute la minorité de Louis XV, ne songea guère à Dourdan parmi les affaires et les plaisirs de sa vie agitée. Toutefois, le domaine fut géré avec soin, et le marquis d’Argenson, qui était à la tête de la maison du prince, eut plus d’une fois l’occasion de venir, au nom de son maître, dans un des chefs-lieux de l’apanage. Durant des années de crise pour le marché de Dourdan, la caisse du Régent dut s’ouvrir pour des subventions et des réparations urgentes.

1723-1752. Le duc Louis, né en 1703, si peu semblable à son père, adonné aux sciences et aux sérieuses études, désabusé du monde, dont il se retira complétement après la mort prématurée de sa jeune femme et la fin subite du Régent, ne quitta plus, à partir de 1742, l’abbaye de Sainte-Geneviève, où il mourut dans les sentiments de la plus austère dévotion. Les fermiers de son domaine voulurent parfois abuser de leur puissance, sous prétexte de défendre ses droits, mais les intéressés allèrent chercher et trouvèrent, auprès de lui, justice et réparation. L’église de Dourdan, pour l’importante question de son droit de mesurage, en fit l’expérience, comme on le verra.

1752-1785. Louis-Philippe, né en 1725, qui aimait le monde comme son père l’avait fui ; homme d’esprit qui avait laissé le métier des armes et les grandes charges de l’État pour la société des gens de lettres ; homme de cœur qui donnait, dit on, jusqu’à 240,000 fr. aux pauvres chaque année ; n’eut garde d’oublier les indigents de Dourdan. Il continua la rente charitable que son bisaïeul avait faite aux sœurs de l’Hôtel-Dieu, et qui avait toujours été fidèlement servie. Des sommes considérables furent dépensées pour le percement de routes dans la forêt, et la création de chemins de grande communication autour de Dourdan constitua un véritable bienfait.

1785-1793. Louis-Philippe-Joseph, né en 1747, ne posséda Dourdan que pendant peu d’années ; c’est lui qui en fut, à vrai dire, le dernier seigneur. Dourdan n’eut qu’à se louer, eut presque à se défendre des inten-