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DOURDAN SOUS LOUIS XIII ET ANNE D’AUTRICHE.

un présent de fruits. Dourdan vit dans l’accueil bienveillant de la reine-mère un bon présage pour son avenir, « et de là en auant, assure de Lescornay, il n’auoit plus de pensée ny d’entretien qui n’eust pour but la venuë de son roy. »

En août 1623, Louis XIII, fuyant la peste qui désolait Paris, se retira au château de Saint-Germain, et, s’y ennuyant quelque peu, étendit ses promenades dans toutes la contrée voisine. Il vint jusqu’à Rochefort pour visiter les bâtiments récemment construits par le prince de Rohan-Montbazon, et jouir de la chasse du pays, qu’on lui avait beaucoup vantée. Le lendemain de son arrivée, les veneurs firent leur rapport d’un cerf qu’ils avaient détourné dans un petit bois situé en pleine Beauce, à une demi-lieue de la forêt de Dourdan. On projette de le chasser et d’aller dîner à l’abbaye de Louye, où l’on fixe le rendez-vous. Le bruit en parvient à Dourdan ; la ville se met en fête et improvise une réception. Le roi, quittant Rochefort dès le matin, arrive à Dourdan, où les acclamations publiques et les harangues officielles lui témoignent combien sa venue est attendue et combien la ville est affectionnée au nom royal. Le jeune monarque écoute bénignement, admire la réjouissance commune, remarque la ville, passe outre, considère le pays et se rend à Louye, où il est reçu par le prieur commendataire, le sieur Jacques du Lac.

On fait au roi les honneurs du vieux monastère. Jacques du Lac[1], qui, depuis son entrée en jouissance, en 1608, s’est occupé d’améliorer son bénéfice avec un soin tout particulier, et a obtenu, dès 1609, du roi Henri IV des lettres patentes confirmant le prieuré de Louye dans tous ses droits, ne manque pas cette bonne occasion d’intéresser le roi à son prieuré. Fondé par Louis le Pieux, rétabli par Louis le Saint, il attend de Louis le Juste de nouveaux bienfaits. Le roi, touché par l’exemple de ses prédécesseurs, répond qu’il veut être le protecteur, et le bienfaiteur de Louye. Considérant les grandes réparations faites par le prieur, il lui accorde six mille livres à prendre sur les hauts bois qui dépendent du prieuré, pour être employées tant à l’achèvement d’un bâtiment déjà commencé qu’à la construction d’un étang destiné à retenir l’eau, qui manque absolument dans ce lieu[2].

Après le dîner, on lance le cerf. Au lieu de rentrer en forêt, l’animal

  1. Vénérable et discrète personne messire Jacques du Lac, conseiller du roi, aumônier ordinaire de Sa Majesté, prieur du monastère de Notre-Dame de Louye, avait été, le 30 juillet 1614, député par le bailliage de Dourdan comme représentant ecclésiastique aux États généraux de Paris, avec le bailli Anne de l’Hospital Sainte-Mesme, député par la noblesse, et l’avocat Pierre Boudet, député par le tiers.
  2. Depuis longtemps, et surtout depuis les troubles des calvinistes, il n’y avait point eu de religieux à Louye. En 1614 ou environ, dom Bigal de Lavaur, abbé de Grandmont et général de l’ordre, intenta un procès devant la cour des requêtes du palais à Jacques du Lac, pour le rétablissement de la régularité des religieux dans la maison de Louye. Ce procès venait d’être terminé en 1621 par une transaction, au moyen de la-
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