Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
ÉTIENNE DOLET

est acquise et, de plus, sa considération pour vos mérites littéraires. Il a la meilleure opinion de vous, il me l’a dit, et il est fort charmé que votre estime m’est acquise. Vous aurez peine à croire combien il désire vous voir. Il dit : « Oh, que je voudrais entendre sa parole éloquente ! » Aussi quand vous viendrez lui rendre visite, vous serez le bienvenu ; et la grande estime qu’il a déjà pour vous augmentera encore, si cela est possible, quand il vous verra. Adieu. »

La lettre de Dolet était datée du Ier août 1532. L’évèque répondit le jour suivant :

« Bien que votre lettre m’ait été fort agréable comme étant un témoignage du profond respect que vous avez pour moi, elle m’a fait un plaisir plus vif encore quand je me suis aperçu qu’elle était écrite par un homme d’un grand savoir et qu’elle me faisait souvenir des deux érudits les plus éminents de notre temps, Bembo et Longueuil, que j’ai connus et que je suis toujours charmé de me rappeler. Vous n’aviez pas lieu de craindre que votre lettre vînt interrompre mes occupations ou mes affaires. J’ai une telle affection pour mes amis que, pour leur rendre service, je remets volontiers à plus tard mes devoirs les plus sérieux. Quant au sentiment délicat de timidité qui vous a empêché de me venir voir en personne et qui vous a fait plutôt m’écrire, parce qu’une lettre ne peut rougir[1], je n’y suis point insensible, mais vous ne devez pas douter, vous qui poursuivez les mêmes études savantes que plusieurs de mes amis, que je n’aie pour vous l’estime que j’ai pour eux. J’avais déjà entendu parler de Dolet en termes flatteurs qui, toutefois, ne rendaient pas entièrement justice à votre mérite. Il n’en est pas moins vrai que depuis lors j’avais un vif désir de vous voir et de lire quelqu’une de vos compositions. Aussi quand je reçus votre lettre, dans laquelle (comme on peut reconnaître un lion à ses griffes) je reconnus la vivacité de votre intelligence, la

  1. Il n’y a rien de cela dans la lettre de Dolet telle qu’elle est imprimée.