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CHAP. IV. — TOULOUSE

souvent à faire nommer un personnage qui convient aussi peu à ses partisans qu’à ses adversaires[1].

Une année après l’élection d’Adrien VI, Jean de Pins quitta la carrière politique. En août 1523 il fut rappelé, ou se retira volontairement, on ne sait. Peu de temps après il offrit à François Ier, alors à Fontainebleau, la précieuse collection de livres et de manuscrits qu’il avait réunie pendant son séjour à l’étranger. Il se rendit ensuite dans son diocèse, et passa les quatorze années qu’il lui restait à vivre soit à Rieux, soit à Toulouse. Pendant tout ce temps il se consacra à l’administration des affaires de son diocèse (l’un des plus pauvres de France), à des œuvres de charité, à l’étude et à la société des hommes cultivés. En Italie, il s’était lié avec les plus grands savants de l’époque. Bembo, Longueuil et Sadolet étaient au nombre de ses amis. Longueuil était mort, mais Sadolet ne cessa de lui écrire et, ce qui n’est pas un mince mérite pour Jean de Pins, l’évêque de Carpentras lui envoya plusieurs de ses ouvrages pour qu’il les lût et les corrigeât avant d’être publiés.

L’évèché de Rieux n’est pas très étendu, sa population est peu importante et les devoirs de l’évêque n’étaient pas très lourds[2]. Aussi Jean de Pins passait-il presque tout son temps à Toulouse, où il avait un appartement dans le couvent des carmes et où il s’était fait bâtir une grande maison, comme nous l’apprenons par un poème manuscrit de Boyssone ; il

  1. Votis Hadrianus omnium
    Fît pontifex, sed omnibus
    (Quis credati) invitis.

    (Joan Pierius Valerianus)
  2. Rieux était l’un de six évêchés provenant de l’évêché de Toulouse, créés par Jean XXII vers 1329, époque à laquelle il érigea Toulouse en archevêché ayant ces six sièges épiscopaux et celui de Pamiers comme sièges suffragants. Son intention, en augmentant le pouvoir de l’épiscopat, était de mieux sceller les fers avec lesquels il avait réussi à enchaîner le faible Philippe V. Il voulait aussi multiplier les bûchers et des tortures plus horribles encore, comme l’écartèlement, par exemple, dont il aimait à se servir contre les hérétiques ou contre ses ennemis personnels, parmi lesquels on peut citer Hugues, évèque de Cahors, qu’il accusa d’attenter à sa vie au moyen de sortilèges.