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CHAP. IV. — TOULOUSE

fonctions officielles, lorsqu’on lui confia, ainsi qu’à Bonnivet, le soin de négocier les préliminaires d’un traité de paix entre François 1er et Léon X. Les négociations eurent lieu à Bologne. Jean de Pins retourna dans cette ville avec la plus grande satisfaction ; il fut présent à l’entrevue du roi et du pape (décembre 1515). Il se montra à la hauteur de sa tâche et aida le roi et le chancelier à mener à bien cette grave affaire : le traité confirmait à la France (autant qu’un traité peut le faire) les duchés de Milan, de Parme et de Plaisance par un concordat, privait l’église gallicane de ce qu’il lui restait de liberté et la livrait pieds et poings liés à la puissance du roi.

En 1516 Jean de Pins fut nommé ambassadeur à Venise, où il resta jusqu’en 1520, donnant une égale satisfaction à la cour de France et au gouvernement de la République, en combattant et en déjouant les intrigues des cours d’Espagne et d’Autriche ; il devait sans doute ce succès autant à la douceur de son caractère et à la bonté de son cœur, qui le faisaient aimer de tous ceux qui l’approchaient, qu’à son talent de diplomate, qui pourtant n’était pas médiocre. Il fit renouveler le traité fait à Blois en 1512, et sut conserver à son maître le soutien et l’amitié de la République. Mais ses devoirs d’ambassadeur lui laissaient des loisirs, et les études littéraires qu’il fit à Venise furent celles de ses occupations qui le charmèrent le plus. François Asulane lui dédia l’édition aldine d’Horace (1519), autant par reconnaissance pour ses bontés envers Alde l’aîné que comme témoignage de sa valeur d’homme de lettres. Jean de Pins rassembla une grande collection de manuscrits précieux dont fut enrichie la bibliothèque que, par ordre du roi, Lascaris Budé fondaient alors à Fontainebleau. Il surveilla l’impression (faite par Bindonis de Venise, 1516) d’un ouvrage qu’il avait composé pour l’amusement des enfants de son ami et protecteur Du Prat ; ce livre est intitulé : Allobrogica Narratio. C’est une traduction ou plutôt une paraphrase du roman qui