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CHAP. IV. — TOULOUSE

vénéré sur la liste des capitouls. Odo de Pins fut capitoul en 1362, et, au quatorzième siècle et au siècle suivant, plusieurs membres de la famille le furent — notons aussi que le frère aîné de l’évêque de Rieux occupa pendant quelques années l’honorable charge de viguier de Toulouse.

Jean de Pins naquit en 1470. Il perdit son père, Guillard de Pins, de bonne heure, mais les soins et l’affection de son frère aîné, qui fut son tuteur, lui firent moins sentir cette perte cruelle. Se destinant à la littérature depuis son enfance, Jean eut toutes les facilités pour poursuivre ses études ; il fut successivement étudiant à Toulouse, à Poitiers, à Paris et à Bologne. Dans cette dernière université il eut comme maîtres deux des savants les plus accomplis de l’époque, Beroaldo l’aîné, qui occupait alors la chaire de littérature (Literœ humaniores) et Urceus Codrus, professeur d’éloquence et de grec, auquel, sans doute, Jean de Pins valut de savoir la langue d’Homère, connaissance alors fort rare de ce côté-ci des Alpes.

C’est aux leçons de Beroaldo que les biographes de l’évêque de Rieux ont attribué la pureté et l’élégance de son style latin, mais je ne suis pas de leur avis, car bien que Beroaldo eût beaucoup lu (Pic de la Mirandole dit de lui ce qu’Eunape avait dit de Longin qu’il était une bibliothèque vivante), son style latin, suivant la remarque de Ginguené, est affecté et peu correct et ressemble bien plutôt à celui d’Apulée qu’à celui de Cicéron. En 1497 Jean de Pins entra dans Les ordres et vint à Toulouse ; il donna alors à son frère ainé la part qui lui revenait de l’héritage paternel. La même année il retourna en Italie et passa dix ans à étudier. En 1500 Urceus Codrus mourut et en 1502 une édition de ses œuvres (discours, lettres et poèmes) fut imprimée à Bologne par les soins de Beroaldo le jeune, avec l’aide de Bartholomeo Bianchini et de Jean de Pins. Le livre contient plusieurs écrits de ce dernier, entre autres une lettre adressée a Jean Maurolet de Tours dans laquelle il fait l’éloge d’Urceus, une épigramme