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CHAP. IV. — TOULOUSE

bablement enseignait le latin. Arnoul le Ferron, qui dans la suite devait se faire un nom comme historien, comme jurisconsulte et comme savant, Claude Cottereau et Simon Finet étaient tous contemporains de Dolet et il se lia bientôt avec eux tous.

L’évêque de Rieux, qui allait être le plus cher ami et le protecteur de Dolet, était à la tête des hommes de lettres de Toulouse ; il était peut-être le seul homme dont le mérite était reconnu non seulement en France, mais partout en Europe où florissait la culture littéraire. Comme Langeac, le premier protecteur de Dolet, Jean de Pins avait été chargé de différentes ambassades et avait à deux reprises précédé l’évêque de Limoges comme ambassadeur de France à Venise. Il était né en 1470 d’une famille illustre, mais peu influente et médiocrement riche, dont le chef, descendant des comtes de Pinos de Catalogne, s’était établi en Languedoc à la fin du douzième siècle, après avoir combattu aux côtés de Pedro II d’Aragon pour aider Raymond de Toulouse et Bernard de Comminges à soutenir la liberté morale et politique du Languedoc. Un siècle plus tard Odo de Pins reçut de Bernard, comte de Comminges[1], les terres qui furent alors érigées en seigneurie et prirent son nom ; ses descendants les possèdent encore.

Pendant trois siècles ce nom fut intimement lié à l’histoire civile et militaire du Languedoc et il brilla d’un plus vif éclat encore dans les annales de l’ordre souverain de Saint-Jean de Jérusalem. Deux grands-maîtres, un grand-vicaire et plusieurs officiers et chevaliers furent choisis dans cette famille, et la Langue de Provence n’a pas de membres plus honorables. En 1294 Odo de Pins succéda à Jean de Yilliers comme vingt-troisième grand-maître de l’ordre, lequel n’était pas encore un ordre souverain et avait pour siège principal les vignes de Limasol dans l’île de Chypre, où l’on peut encore voir les

  1. Non pas Raymond, comme les éditeurs de Moréri le disent.