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ÉTIENNE DOLET

Dolet, plein de zèle pour l’étude, plein de vigueur et de vie intellectuelles, aimant les humanistes et la science nouvelle, paraissant détester déjà les moines et la superstition et aussi, il faut le dire, montrant un caractère aigri et irritable et des tendances à la satire amère et méchante, arriva à Toulouse — cette ville barbare et fanatique, comme il se plaisait à l’appeler — au commencement de l’année 1532, dans l’intention d’étudier le droit et, selon toute probabilité, de devenir juriste ensuite. Il ne tarda pas à se lier avec plusieurs personnes qui s’étaient déjà fait une grande réputation ou devaient s’en faire une. Si la maxime : Noscitur a sociis doit lui être appliquée, elle nous le montre sous un jour très favorable, car pendant les deux années de son séjour il semble s’être attiré la bienveillance de tous les hommes qui par leurs vertus et leur savoir, contribuèrent à donner quelque éclat à Toulouse. Car toute barbare et fanatique qu’elle fut, cette ville ne manquait pas, parmi les membres de son parlement, parmi les professeurs de son université et parmi les étudiants, de gens qui voyaient avec plaisir la science progresser. Jacques de Minut, à qui Egnazio dédia son ouvrage intitulé : De Romanorum Principibus, et à qui Dolet adressa ensuite plus d’une ode, et dont il écrivit l’épitaphe, était premier président du parlement. Jean de Bertrandi, plus tard cardinal et premier président du parlement de Paris, était second président et, s’il était moins dévoué que Minut à la littérature et à la science, il désirait cependant protéger les lettrés, tant que cela n’allait pas à l’encontre de ses visées ambitieuses. Jean de Pins[1], évêque de Rieux, habitait généralement Toulouse, et était probablement un des membres épiscopaux du parlement. Jean de Caturce et Jean de Boyssone enseignaient le droit et s’efforçaient d’atténuer la barbarie de l’université. Jacques Bording, qui ne s’était pas encore consacré à la médecine, étudiait et pro-

  1. M. Boulmier l’appelle à tort Dupin.