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ÉTIENNE DOLET

vaux. La pauvreté de ses habits, la misère et la gêne qui ne l’empêchaient pas de vivre dans le contentement lui valurent d’être tourné en ridicule par ses ennemis. Pendant son séjour à Toulouse, il accepta avec une reconnaissance très digne les dons du généreux Langeac et, quand il était trop pressé par le besoin, il en informait son protecteur[1]. Mais nous ne voyons jamais Dolet écrire des lettres flatteuses et suppliantes pour demander de l’argent, des bénéfices ou des places, comme celles que nous voyons avec peine et regret écrire les hommes de lettres de son temps, même les plus éminents, même le grand Érasme. Dolet a souvent recours à ses puissants amis ; mais c’est pour leur demander d’être libéré quand il est en prison, de le protéger contre ses ennemis, d’obtenir qu’il lui soit permis de gagner sa vie paisiblement comme imprimeur, et de faire paraître des livres utiles à son pays, qu’il s’adresse à ses protecteurs.

À son retour d’Italie il paraît n’avoir eu aucune préoccupation d’avenir ; il est tout à l’étude, et à la recherche de la renommée. Mais ses amis, et surtout l’évêque de Limoges, désiraient vivement qu’il suivît des cours de droit. Nous savons que Langeac ne manqua pas de venir en aide à son protégé pendant qu’il étudiait la jurisprudence. Ces connaissances acquises, Dolet aurait pu être facilement chargé, grâce à la protection du prélat, de quelque emploi officiel, ce qui, aux yeux de l’habile diplomate, devait être préférable à la vie précaire de simple savant et pouvait être un acheminement vers de plus grands succès. Langeac ne se faisait, pas faute d’entretenir Dolet dans ces idées. L’évêque lui-même, dans sa jeunesse, avait été conseiller clerc au parlement de Toulouse, et ce fut à l’université de cette ville qu’il engagea son jeune ami de se rendre. Un nouveau sujet d’étude avait toujours un grand charme pour Dolet. Il nous l’apprend dans les vers qui suivent :

  1. Voyez ses lettres à Langeac : Orat. duœ in Tholosam, p. 134-137.