Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
ÉTIENNE DOLET

du moyen âge. Toute cette gloire s’éclipsa quand les Turcs prirent la ville. Elle ne fut plus qu’un monceau de ruines, les « images taillées » furent détruites, rien de son ancienne splendeur ne subsista si ce n’est ce qui pouvait convenir aux Mahométans, au culte d’Allah, ou au luxe du sultan, son serviteur.

Pendant le siècle qui suivit la chute de Constantinople, deux villes, toutes les deux italiennes, se disputent la première place pour la richesse et la magnificence, Venise et Florence : et si celle-ci est plus avancée en art et en littérature, si la grâce, la beauté, le sentiment artistique, la combinaison extraordinaire de grandeur et de simplicité qui caractérise le Duomo de Bruneleschi l’emportent sur la basilique de Saint-Marc, il n’en est pas moins vrai que pour l’ensemble des magnificences, pour la richesse de l’ornementation extérieure, pour les trésors dus au commerce et employés à la décoration de la ville, Venise pouvait, à juste titre, réclamer cette prééminence avec laquelle, au point de vue du gouvernement intérieur, de la perfection et du pouvoir des règlements, aucune cité ne songeait à rivaliser. Une complète sécurité, l’absence de ces insurrections et de ces querelles intestines qui se produisaient fréquemment aussi bien à Florence que dans presque toutes les autres villes d’Italie au quinzième et au seizième siècles, étaient l’un des caractères distinctifs de Venise.

Ce fut là qu’Étienne Dolet passa l’année qui suivit son départ de Padoue. Le grand palais des doges avec ses marbres, ses colonnes, ses peintures qui égalaient celles d’Apelles, fit surtout impression sur lui, et il nous a laissé, dans son poème biographique sur Jean de Langeac, une longue et pittoresque description de ce monument et de la réception offerte à l’ambassadeur.

Bien que Padoue fût l’université de la République, les moyens de s’instruire ne manquaient pas à Venise. Plusieurs chaires de littérature avaient été établies et dotées par l’État ; elles étaient occupées par des hommes éminents comme diplo-