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CHAP. III. — VENISE

de sa carrière, des intérêts publics. Il possédait plusieurs riches abbayes et autres bénéfices qu’il gardait in commendam, et il prenait plaisir à employer sa grande fortune à encourager la littérature et l’art. Sa passion maîtresse était l’architecture, et ce fut à sa générosité que Limoges dut son palais épiscopal, et le jubé merveilleusement travaillé de sa cathédrale, dont nous pouvons ne pas admirer le mélange des réseaux gothiques et de la sculpture de la Renaissance, mais qui, avant d’être détérioré, a dû être d’une magnificence extraordinaire. Il fit faire encore d’autres importants travaux dans la cathédrale, qui avait été commencée au treizième siècle et qui, depuis sa mort, est restée inachevée, telle qu’il l’avait laissée[1]. Dolet écrit dans une lettre adressée à François de Langeac, frère de l’évêque, datée de 1532 : « Que puis-je vous écrire au sujet de votre frère, en dehors de ce que vous savez ? Personne au monde n’est certainement plus occupé de travaux d’architecture, si bien qu’on pourrait dire de lui :

Diruit œdificat, mutat quadrata rotundis[2]
  1. Langeac mourut en 1541. Son testament a été imprimé dans le Bull. de la Soc. arch. et histor. de Limoges, vol. VII, p. 135. Une courte biographie de l’évêque, due à la plume de l’abbé Marmeisse, a été publiée à Brioude en 1861 : elle est intitulée : Notice biographique sur Jean de Langeac, évêque de Limoges, mais elle ne contient que peu de renseignements intéressants.
  2. Orat. duæx in Thol., p. 97. Aucun de ceux qui ont lu cette lettre de Dolet ou son traité intitulé : De officio legati, n’ont pu prendre cet évêque de Limoges, grand amateur d’architecture, pour son successeur Jean du Bellay. Née de la Rochelle, cependant, dit que par Joannes Langiacus, c’est le cardinal Jean du Bellay-Langey que Dolet désigne. Il n’avait jamais entendu parler de Jean de Langeac, et, sachant que le cardinal du Bellay avait été évêque de Limoges, il affirme que ce dernier avait été l’ami de la jeunesse de Dolet, tandis qu’il fut l’ami de sa vieillesse. Cette erreur n’est pas grave, venant de ce respectable libraire dont la science n’était pas très étendue et qui n’a guère d’autre prétention que de traduire Maittaire. Toutefois il découvrit sa faute et fit une correction dans l’exemplaire de la vie de Dolet qui, avec ses notes manuscrites appartenait à feu M. le président Baudrier ; mais il est difficile de comprendre comment M. Boulmier, qui pouvait consulter les dictionnaires biographiques ordinaires et les listes des évêques de Limoges, a pu faire la même erreur.

    Jean de Langeac mourut évêque de Limoges en 1541, et son successeur