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ÉTIENNE DOLET

la ville, Jean de Langeac, qui est pris parfois, à cause de la ressemblance du nom, même par ceux qui devraient être mieux renseignés, pour son successeur, plus célèbre que lui, le savant et joyeux cardinal Jean du Bellay-Langey, l’ami et le protecteur de Rabelais. Jean de Langeac était un de ces hommes qui ne jouent pas un rôle sans importance dans les affaires publiques, mais qui cependant ne tiennent pas une assez grande place dans l’histoire de leur temps pour que leur nom soit transmis à la postérité. Successivement ambassadeur en Pologne, en Portugal, en Hongrie, en Suisse, en Écosse, en Angleterre et deux fois à Rome, il avait vu plus de pays que la plupart de ses contemporains et avait profité plus que qui que ce fût de ces nombreux voyages à l’étranger. Savant lui-même, il fut partout l’ami et le protecteur des gens lettrés ; et il a tous les droits à notre respect pour avoir su le premier discerner le talent du jeune inconnu qui étudiait à Padoue, et pour lui avoir accordé la protection dont il avait si grand besoin.

Il descendait d’une famille qui se disait être alliée aux rois de Sicile, et était né vers la fin du quinzième siècle. En 1512 il était conseiller clerc du parlement de Toulouse, et pendant les vingt-deux ans qui suivirent il passa sa vie, absorbé par les affaires publiques et surtout par la diplomatie. C’était un travailleur infatigable et les services qu’il rendit à son pays ne furent pas sans profit pour lui, comme en font foi les riches bénéfices que lui avait accordés le roi. À la fin de 1532 il fut nommé évêque d’Avranches, mais moins de six mois après, avant même qu’il eût pris possession de son siège, il fut appelé à Limoges, et quelques années plus tard il se retira de la vie publique.

Ayant toujours sa devise présente à l’esprit, Marescit in otio virtus, il s’occupa autant vers la fin de sa vie de l’administration de son diocèse, des autres institutions dont il avait le bénéfice, et de la construction de plusieurs monuments dont il avait fait les plans, qu’il s’était occupé, au commencement