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CHAP. II. — PADOUE

Une autre épitaphe en vers latins et un plus long poème ont moins de mérite, mais ces témoignages nous montrent encore l’affection de Dolet, et le chagrin cuisant qu’il ressentit à la mort de l’ami avec lequel (il nous le dit lui-même) il avait vécu pendant trois années dans la plus grande intimité.

Nous n’avons que de maigres renseignements sur la vie de Dolet à Padoue. Tout ce que nous pouvons affirmer avec certitude, c’est que Simon Villanovanus fut son ami et son maître et que parmi les lettrés avec lesquels il se lia, on peut citer Guy de Breslay, plus tard président au Grand Conseil ; c’était un ami de Simon et il avait connu Longueuil, qui avait fait son éloge. Aucun des biographes de Breslay ne donne l’année de sa naissance, il devait être toutefois un peu plus âgé que Dolet, puisqu’il avait commencé ses études à Padoue du vivant de Longueuil. Ce dernier, dans une lettre adressée à Roger de Barma, parle en termes très flatteurs de Breslay, qu’il appelle optimœ spei adolescentem[1]. Dolet connut-il personnellement Bembo ou d’autres hommes éminents ? Nous n’en sommes pas certains, car il n’aurait certainement pas manqué de nous le dire, s’il avait eu quelques relations avec des personnages en vue. Soit à Padoue, soit à Venise, il fit la connaissance de l’habile charlatan Giulio Camillo, pour lequel il paraît avoir eu peu de goût, bien que, comme lui-même, il fût grand admirateur de Cicéron. Nous ne tarderons pas à reparler du théâtre de Camillo, dont l’idée n’était pas encore promulguée à l’époque où nous sommes. Il est probable aussi qu’Étienne rencontra alors Hortensio Lando.

Dolet nous a laissé une charmante description de la vie studieuse de Padoue dans son dialogue intitulé : De Imitatione Ciceroniana, dans lequel il combat Érasme. Cet ouvrage est une conversation imaginaire entre sir Thomas More et Simon Villanovanus. Je parlerai ailleurs de la substance du dialogue, mais le cadre — bien qu’évidemment tout fictif, puisque More

  1. Longolii Epist., dernière lettre du livre I.