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ÉTIENNE DOLET

sujet de cette prière : « An ita precatur homo sanus et non male sibi conscius et Christianus ?

Mais c’est seulement à cause de la condamnation et de la mort de Dolet que ses opinions religieuses ont acquis quelque intérêt et quelque signification[1]. Peu lui importaient les discussions théologiques de son époque, tant qu’elles n’avaient pas trait à la cause de la littérature, et la remarque qu’un critique de la Quarterly Review fait sur Dryden peut s’appliquer également (peut-être même avec plus de justice) à Dolet. « C’était un homme de lettres affairé qui n’avait jamais sérieusement réfléchi sur ces questions, mais qui s’amusait à l’occasion à prendre part légèrement aux controverses avec l’indifférence d’un scepticisme languissant et un esprit moqueur[2]

  1. J’ai eu tant de fois l’occasion de signaler les défauts de l’ouvrage de M. Boulmier, que je suis heureux de pouvoir dire qu’il semble avoir discuté avec impartialité les opinions religieuses de Dolet et être arrivé à des conclusions très justes à cet égard. Tous ceux qui prennent quelque intérêt à cette question verront que le XVIIe chapitre de son livre est digne d’attention.
  2. Quarterly Review, octobre 1878. M. O. Douen, dans deux articles du Bulletin de la Société d’Histoire du Protestantisme, publiés séparément sous le titre de : Étienne Dolet ; ses opinions religieuses, Paris 1881, a tâché démontrer que mes idées sur les opinions religieuses de Dolet étaient fausses ; M. Douen veut que Dolet soit, sinon un martyr du protestantisme, du moins un «catholique biblique, à moitié réformé, animé de l’esprit nouveau , lequel délaissait paisiblement le culte des saints, les indulgences, la confession auriculaire, le carême, et posait pour règle de foi la parole sainte». Oui, certes, il le fut, au moins dans ses dernières années, et c’est ce qui explique pourquoi il répète avec une assurance non feinte qu’imprimer la Bible n’est pas un acte hérétique. Aux savants auteurs de la France protestante disant de lui : «Sa révolte se bornerait à favoriser le schisme, en prêtant ses presses à la publication d’ouvrages mal sentant de la foi», Dolet aurait pu répondre avec une parfaite loyauté : La révolte, l’hérésie, sont, d’une part, en ceux qui annulent la parole divine par leurs traditions, et, d’autre part, en ceux qui déchirent outrageusement l’Église de Jésus-Christ. — La rébellion de Dolet et de ses pareils n’était donc qu’une demi-révolte, puisqu’elle excluait toute idée de schisme. M. Douen semble croire que je n’ai lu ni le Cato Christianus, ni les préfaces des différents livres religieux, imprimés par Dolet, qui tous montrent une tendance protestante. Je les avais pourtant tous lus avant la publication de l’étude de M. Douen et depuis je les ai relus à plusieurs reprises, surtout le Cato Christianus, dont un exemplaire des deux seuls connus est maintenant en ma possession ; j’ai scrupuleusement pesé les arguments de M. Douen, mais je