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ÉTIENNE DOLET

Que les amis de Dolet fussent tous du parti de la réforme, cela est certain, que lui, il admirait la vie pure et l’enseignement moral de Le Fèvre d’Étaples et de Charles de Sainte-Marthe, qu’il lut et admira le Nouveau Testament et désirait le voir se propager, tout cela est clair. Mais dire qu’il était chrétien, au sens où le terme était alors employé et accepté aussi bien par les Protestants que par les Catholiques, serait évidemment affirmer ce qui n’est pas. Nous pouvons nous demander ce qu’il y avait qui pût l’attirer au christianisme tel qu’il était pratiqué par ses principaux ministres et adhérents, par le cardinal du Prat, riche et avare, par le cardinal de Tournon, auteur du massacre des Vaudois et ennemi de tout ce qui ressemblait à la liberté de penser, par Noël Béda qui regardait le grec et l’hébreu comme études hérétiques, par Pierre Lizet, dont les mains étaient rougies du sang des martyrs, par le roi très chrétien qui balançait entre la dévotion et la débauche, et par Calvin, avec son système de doctrine étroit et rigide, et son esprit de persécution.

Si le tableau que nous fait Lucrèce de la religion est exact, tous ces hommes évidemment peuvent passer pour religieux, mais si nous nous formons une idée de la religion d’après la définition donnée par saint Jacques et d’après l'énumération que fait saint Paul des fruits de l’esprit, pas un seul de ces éminents personnages ne possédait une parcelle de religion, pas un seul n’a donné l’un de ces fruits, que nous pouvons nous attendre à trouver dans tout chrétien. La bonté attirait Dolet partout où elle se trouvait, que ce fût dans Sadolet, dans Le Fèvre d’Étaples, dant Jean de Pins ou dans Sainte-Marthe. Mais la bonté morale qui n’était pas accompagnée des sentiments orthodoxes était rejetée, comme n’ayant rien de chrétien, et par les réformateurs et par les catholiques.

Comment douter de la sincérité du langage dont se sert Dolet dans le Genethliacum quand il recommande à son fils de croire en Dieu qui est un soutien et une consolation au milieu