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CHAP. XXV. — OPINIONS ET CARACTÈRE

nombreux et plus barbares que dans le siècle suivant. Dolet n’était ni protestant, ni catholique ; comme Henri Martin le fait remarquer : « La philosophie seule a le droit de revendiquer l’illustre victime de la place Maubert ; la Réforme l’a renié comme impie par la voix de Calvin. »

Mais tandis que les opinions religieuses de Dolet semblent être le résultat naturel des circonstances dans lesquelles il se trouva placé, il n’en est pas moins vrai que la Réforme avait toutes ses sympathies ; et quoique les questions de doctrine à vrai dire, toutes les questions théologiques semblent lui avoir été indifférentes, il apprécie à sa juste valeur le Nouveau Testament et se rend compte que la cause des réformateurs était la cause du progrès intellectuel. Quelque mince que soit l’intérêt que nous ayons pour les ennuyeuses controverses théologiques (qui occupèrent non seulement les esprits religieux du seizième siècle, mais même certains esprits qui, à une époque moins théologique, se seraient consacrés aux pratiques saines de la vie), pour les méthodes précises de justification, pour les discussions qui devaient faire connaître si la règle de la foi et de la vie doit se trouver exclusivement dans les soixante-huit livres que les églises protestantes ont généralement considérés comme seuls canoniques ou si la voix vivante de l’Eglise a une autorité coordonnée, si la grâce prévenante ou la grâce de congruité existent[1], et bien qu’il nous semble que dans plusieurs de ces discussions les champions de Rome aient eu des opinions plus larges et plus raisonnables que les autres, il n’en est pas moins vrai que nous ne devons pas oublier que la cause du protestantisme était essentiellement la cause du progrès intellectuel et de la liberté de penser. Ce fut la cause du protestantisme qui donna une

  1. Toutes discussions qui pour nous qui vivons dans la dernière partie du dix-neuvième siècle nous paraissent avoir le même caractère et la même importance que les questions soulevées aussi par des docteurs en théologie pour savoir si les fidèles ressusciteront avec leurs entrailles au jour du jugement et si les cheveux de la Vierge Marie étaient de telle ou telle couleur.