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ÉTIENNE DOLET

répond ce qui suit : « Vous dites que Dolet ne croit pas que l’âme survive au corps… il faut que vous prouviez cela, soit par mes écrits, soit par ma vie. Qui peut dire que mon langage est autre que pieux, chaste, rempli de respect pour Dieu ? Et qu’y a-t-il dans mes écrits qui puisse le moins du monde exciter un soupçon d’impiété (car j’appelle impiété l’opinion qui veut que l’âme périsse) ? La vie que je mène n’est-elle pas vraiment chrétienne ?... On voit clairement par mes écrits combien je suis contraire à cette opinion : et je rappelle ici les vers sur l’immortalité de l’âme qui font partie de mon Genethliacum. » Il cite alors le passage (que j’ai donné en partie plus haut) commençant par ces mots : « Tu ne crede, animos una cum corpore Privari usura ». Il adresse ensuite un appel à ceux dans l’intimité desquels il a vécu pour leur demander si sa vie n’est pas telle que doit être celle d’un chrétien[1]. Dans son Adversus calumnias Doleti, Floridus répond ainsi à la défense de Dolet : «L’opinion qu’on a généralement de votre impiété ne saurait être combattue par aucun extrait de votre Genethliacum, car je tiens pour certain que vous parlez avec prudence et non pas ouvertement de ce que vous croyez au sujet de Dieu et de l’âme, de peur d’être immédiatement saisi et mis à la torture. »

Nous ne manquons pas de témoignages contemporains qui nous montrent que Dolet passait généralement, sinon pour athée, du moins pour matérialiste. J. C. Scaliger le dit à plusieurs reprises et André Le Freux (Frusius) fait à Dolet (dont le nom se prêtait facilement aux jeux de mots) l’honneur de lui consacrer la quarantième de ses épigrammes contre les hérétiques reconnus :

"Mortales animas gaudebas dicere pridem
Nunc immortales esse Dolete doles."[2]

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  1. Doleti Liber De imit. Cic. adv. Floridum Sabinum, v. 41.
  2. Pocmata. Cologne 1558.